mardi 21 juin 2011

Pourquoi un tel Bulletin

Depuis maintenant plus d’une décennie, l’Amérique latine apparaît comme une zone de tempêtes pour la domination néolibérale planétaire. Elle a connu parmi les plus importantes mobilisations collectives contre les conséquences sociales, politiques et écologiques du capitalisme prédateur dans les pays du sud, avec -dans certains cas- des réactions en chaîne ayant abouti à la démission de gouvernements conservateurs, à la remise en cause de privatisations majeures, à la déroute de certaines entreprises multinationales et à un retour sur le devant de la scène de la question sociale et des débats sur les transitions postcapitalistes. De manière inégale et combinée, il existe dans le sous-continent une crise partielle de l’hégémonie impérialiste et, dans certains pays, de la domination historique des oligarchies locales. Le changement des rapports de forces en Amérique latine est avant tout le produit de mouvements sociaux radicaux, parfois transnationaux, qui ont articulé revendications démocratiques (assemblées constituantes, reconnaissance de l’État plurinational) avec une orientation anti-néolibérale (critique du saccage causé par des multinationales), anti-impérialiste (refus du « consensus de Washington »). Cette réalité des luttes de classes est évidemment différenciée suivant les pays et montre une multiplicité d’acteurs sociaux en résistance : luttes indigènes au Pérou, en Bolivie et Équateur, des chômeurs en Argentine, des sans-terre au Brésil et en Bolivie, mobilisations syndicales au Mexique ou au Chili, féministes en Amérique centrale, etc… Cette conjoncture est aussi celle d’un montée en force d’une nouvelle intégration régionale (ALBA, UNASUR, etc) qui marque une autonomie croissante de la région face aux puissants voisins du Nord.


La période actuelle est pourtant celle de tous les dangers, et les classes dominantes et l’impérialisme sont toujours à l’offensive, stratégie facilitée par un immense pouvoir médiatique et économique, alors que les droites restent au pouvoir comme au Mexique, au Chili ou en Colombie. Le coup d’État au Honduras, ou encore l’invasion militaire yankee en Haïti, permettent d’envisager un scénario de restauration conservatrice dans plusieurs pays. Ce risque s’alimente également au gré des frustrations des classes populaires face au social-libéralisme (dont le meilleur représentant reste le gouvernement PT du Brésil), à l’absence de rupture avec le modèle de développement du capitalisme dépendant ou encore face aux contradictions et difficultés des politiques menées au Venezuela, Bolivie et Equateur.
Il est donc urgent et nécessaire de traduire notre solidarité internationaliste avec les peuples latino-américains en lutte, et en particulier d’appuyer et relayer les revendications des organisations sociales et politiques anticapitalistes sur place. Il apparaît tout aussi indispensable de comprendre et dénoncer « notre » propre impérialisme quand l’Union européenne et ses multinationales sont toutes voiles dehors pour reconquérir l’Amérique latine et la Caraïbe.

L’objet de ce bulletin, coordonné par la Commission Amérique latine du NPA, est d’offrir un outil de réflexion et de débat aux militants internationalistes organisés ici et là bas, de faire connaitre les analyses du NPA sur ces questions mais aussi des organisations avec qui nous collaborons en Amérique latine et, par la même, d’alimenter nos mobilisations unitaires en faveur de la « patria grande ».

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