mercredi 31 mars 2010

En route vers Madrid au sommet des peuples !

Contre les nouvelles conquêtes coloniales des Européens !


cctp.jpgLes 17 et 18 mai, se tiendra à Madrid la septième édition du sommet des chefs d’États de l’Union européenne (UE) et d’Amérique latine/Caraïbe (ALC), avec au menu une véritable politique de re-colonisation économique et militaire et la volonté d’entériner des traités de libre commerce avec l’Amérique centrale, la Colombie et le Pérou. Fondement des politiques européennes centrées sur la concurrence et le démantèlement de l’État par les privatisations, la stratégie de Lisbonne vise à gonfler les carnets de commandes des transnationales et à approfondir les politiques capitalistes au détriment de la souveraineté des peuples.

samedi 6 mars 2010

Haïti : quelles perspectives après la catastrophe ?

Le 12 Janvier 2010 un séisme d’une rare violence a frappé notre pays avec des conséquences dramatiques sur les populations de plusieurs communes des Départements de l’Ouest, du Sud-est et sur l’ensemble du pays. Ce tremblement de terre d’une magnitude de 7.3 sur l’échelle de Richter et son cortège de pertes irréparables ont endeuillé notre pays tout en créant des douleurs insoutenables. Ce drame qui nous affecte aujourd’hui est sans aucun doute l’un des plus graves de toute notre histoire et cause un profond traumatisme qui marquera le 21ème siècle haïtien. Les bilans partiels communiqués jusqu’ici tentent passablement d’exprimer une réalité effroyable et indicible, c’est-à-dire l’horreur que nous avons vécu ensemble durant ces interminables 35 secondes. Plus de 150.000 morts, 500.000 blessés, plus d’un million de sans abris, des dizaines de milliers d’amputés, plus de 300.000 personnes réfugiées en province, plus de 3 millions de sinistrés dévastés qui, en une minute, ont vu se transformer à jamais leurs vies, leurs familles et leurs sociétés.

Honduras. Du coup d'État aux élections frauduleuses

Comme nous l’avons signalé antérieurement, en raison de l'isolement international et de la résistance populaire, les putschistes honduriens ont trouvé dans les élections de novembre dernier une alternative pour surmonter la crise et une manière d’empêcher le retour au pouvoir du président déchu Manuel Zelaya. En ce sens, les secteurs conservateurs et réactionnaires du pays ont découvert en Porfirio Lobo Sosa, le candidat idéal : un propriétaire terrien et entrepreneur de la région d'Olancho2, membre du Parti National -pour lequel il a été trois fois député- et surtout, un dirigeant qui a appuyé le coup d'État contre Zelaya et soutenu les actions de Roberto Michelleti.

La lutte contre les milicias en défense des droits humains au Brésil


Entretien avec Marcelo Freixo, député du PSOL de l’État de Rio de Janeiro, président de la commission parlementaire d’enquête sur les activités des milicias dans les favelas de Rio et avec Vinicius Jorge, commissaire de police et membre de la même commission.

Votre lutte est centrée contre les milicias. Que sont-elles exactement et depuis quand possèdent-elles autant de pouvoir dans les quartiers défavorisés à Rio de Janeiro?

Marcelo Freixo : Les milicias sont essentiellement des structures maffieuses constituées de groupes de policiers en activité, mêlant des agents de la police civile, de la police militaire, du corps des pompiers et des agents pénitentiaires. Ces groupes dominent en particulier les quartiers les plus pauvres et ceux à la périphérie du centre ville - plus de 200 sont aujourd’hui aujourd'hui sous leur contrôle à Rio. Les milicias existent depuis 2001 principalement dans l'Etat de Rio de Janeiro. Mais si rien n'est fait, elles pourraient s'étendre rapidement à tout le Brésil, car leur existence répond à des caractéristiques qui sont propres à tout le Brésil: la corruption politique et policière, une très grande fragilité du processus politique et démocratique.

Elles ont la main mise sur différentes activités économiques dans ces quartiers qui vont du contrôle du service public à la taxation directe des habitants et des commerces au prétexte de garantir la sécurité, amassant ainsi un profit impressionnant. Par exemple, à la suite d'une enquête que nous avons menée, nous avons constaté que l'un de ces groupes est arrivé à récolter jusqu’à 1,5 millions d'euros par mois dans un seul quartier de Rio.

Comment ce phénomène a-t-il pu surgir ?

Vinicius Jorge : Il est le résultat d'un rapport particulier entre la police, l'Etat et la société. Ces policiers, pompiers, etc. qui sont aujourd'hui devenus des milicianos, il y a une dizaine d'années, étaient déjà extrêmement violents et corrompus. Ils étaient pour ainsi dire les employés des hommes politiques qui contrôlaient alors ces secteurs. Ils levaient des fonds parallèles pour les campagnes électorales et assuraient le contrôle coercitif de cette manne électorale. Pour réaliser ces missions, ils volaient, tuaient et étaient tués, etc. Puis, ils se sont dits que s’ils étaient capables de faire tout cela pour assurer à un homme politique le contrôle sur un territoire, ils pouvaient le faire pour leur propre compte. Plus tard, ils ont réalisé qu’ils pouvaient également devenir des candidats politiques et c'est ainsi qu'ils sont entrés au Parlement à partir de 2004. On compte aujourd'hui parmi des veroadors, des députés, des préfets et des sénateurs. Pire encore, durant une bonne partie de cette période, de 2003 à 2007, à Rio tout cela se faisait au grand jour et les secteurs dominants, la classe moyenne, la presse et même certains secteurs plus populaires disculpaient ces milicias, en disant qu'elles étaient un mal mineur par rapport au trafic de drogues.

MF : Il existe ainsi un discours construit, moral, de l'ordre où il n’est fait aucune différence entre le discours du policier et celui du miliciano. Comme il est un policier, il jouit de reconnaissance au sein de la société. Cela explique que la classe politique tente de légitimer plutôt que d'affronter ces milicias. D’ailleurs, les secteurs qui forment et contrôlent l'opinion publique ont aidé considérablement à les asseoir dans ces zones. L'ancien maire de la ville de Rio de Janeiro, par exemple, a publiquement déclaré les milicias comme un instrument légitime « d'autodéfense des communautés ».

Vous êtes engagés dans une Commission d’Enquête Parlementaire depuis 2008 pour lutter contre ces milicias. En quoi consiste exactement le travail au sein de cette commission?


MF : Notre travail consiste surtout à montrer et dénoncer le fonctionnement des milicias, le nombre de morts qu’elles provoquent et l’étendue de leur pouvoir illicite. Comme leur violence est blanchie par l’Etat, il s’agit un phénomène très pervers, car ce n’est pas seulement la violence armée mais aussi l’infiltration dans la vie politique qui enracinent ces mafias. Alors, le travail de la commission est précisément de lutter contre cette corruption. Aujourd'hui, le contexte devient favorable car il y a une volonté généralisée d'affronter les milices. Un certain nombre de leurs leaders ont été emprisonnés, mais leurs bras économiques n'ont pas été coupés et donc leurs capacités de croissance politique dans le système de représentation politique directe non plus.

VJ : Pour cela, il est fondamental de s'attaquer aux activités économiques exploitées par les milicias et de détruire leurs appuis politiques. Dans cette optique, nous avons fixé différents objectifs : 58 propositions qui exigent de l’Etat de reprendre ses obligations. En réalité nous n'inventons rien, nous exigeons qu’il fasse ce qu’il devrait faire.

MF : Il faut donc une décision politique de l'Etat et pour cela un regard international est nécessaire, car la mafia n'existe pas seulement à Rio ou au Brésil. Il faut que cela concerne également la Communauté Européenne, car ici les droits de l'homme et la démocratie sont en danger. Aujourd'hui ces mafias sont à Rio, mais elles commencent à se développer dans l’ensemble du pays et demain des connexions avec les mafias européennes seront établies…

Vous êtes menacés de mort à cause de vos activités contre les milicias. Comment avez-vous pris la décision d’entamer cette lutte vu les risques que cela implique ?


MF : Tout cela n’est pas naturel. Ce n'est pas naturel d'être confrontés à cette mafia, d'avoir une police violente, corrompue qui tue 3 personnes par jour, d'avoir un nombre absurde d'homicides (50 000 homicides par an), pourtant tout cela peut être vécu comme normal ! Or, si nous sommes au Parlement, c'est pour affronter tout cela, ou alors mieux vaut ne pas y être. Nous pourrions chercher une autre voie, mais si nous avons choisi la lutte politique c’est pour nous attaquer à ce qui atteint le plus la population. Nous n'avons pas le moindre droit de nous poser la question s’il faut ou non affronter la mafia. C'est donc notre obligation, même s'il y a des risques. Travailler pour garantir les droits de l'homme à Rio, être un policier honnête qui n'est pas impliqué dans la corruption, cela est toujours risqué.

VJ : Nous savions exactement où nous mettions les pieds, alors des menaces de mort étaient absolument prévisibles. Nous embarquer dans cette lutte était pourtant nécessaire, car c’est bien notre obligation: je suis policier, Marcelo député, et la population se fait tuer. On nous dit souvent que cela est très courageux de notre part. Mais ce n’est pas le cas, car je crois que c’est sûrement la peur qui nous pousse dans cet engagement : la peur de ce qui peut arriver à l’avenir si l’on laisse ces mafias de développer.

Propos recueillis par Bettina Ghio et Naima Di Piero / entretien à lire en version longue sur www.contretemps.eu

Au delà du Forum Social Mondial, la cinquième internationale ?

Extrait d’une conversation avec le journal brésilien Brasil de Fato, d’Eric Toussaint, président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) en Belgique.

Votre navigateur ne gère peut-être pas l'affichage de cette image.Comment évaluez-vous les deux visions différentes exposées lors du débat d’ouverture du Forum Social Mondial (FSM), c’est-à-dire, celle qui, d’un côté, propose l’utilisation du Forum comme plate-forme politique et celle qui, d’un autre côté, défend que l’événement garde sa forme originelle d’espace d’échange d’idées ?

Eric Toussaint – Nous avons besoin d’un instrument international pour déterminer des priorités en termes de revendications et d’objectifs à atteindre, un calendrier commun d’actions, un élément de stratégie commune. Si le Forum ne le permet pas, il faut construire un autre instrument, sans pour autant éliminer ou quitter le Forum. Je pense qu’il a sa raison d’être. Mais puisqu’un secteur du FSM ne veut pas que celui-ci se transforme en instrument de mobilisation, il vaut mieux construire un autre instrument avec les organisations et les individus qui sont convaincus que c’est ce dont nous avons besoin. Cela n’empêcherait pas de continuer à intervenir activement dans le Forum. Je dis cela pour éviter une scission, un débat sans fin qui paralyse plus qu’il n’aide. C’est clair qu’il y a un secteur qui préfère maintenir le Forum Social Mondial comme un lieu de discussion, de débat, et ne souhaite pas sa transformation en un instrument pour l’action.

Suite de l’entretien sur : www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=5326#nb12

Argentine : Révoltes populaires et productions collectives à General Mosconi

General Mosconi, est située à 1800 kilomètres de Buenos Aires, au Nord de la Province de Salta, près de la frontière bolivienne. La région est la première productrice de Gaz et de pétrole de la Province de Salta et la deuxième d’Argentine. Cette ville de 20.000 habitants est au cœur des luttes des chômeurs (piqueteros) (5.000 sur les 8.000 travailleurs de la ville) depuis la privatisation d’YPF en 1992 au profit du groupe espagnol Repsol. Le Maire élu aux dernières élections avec un très fort taux d’abstention et de fortes suspicions de fraude électorale est membre du parti rénovateur, proche des militaires. Malgré un budget municipal largement alimenté par les entreprises pétrolières, 75 % des logements ne sont pas connectés au gaz naturel et 50 % n’ont ni fosse septique, ni raccordement au tout à l’égout. Des maladies mortelles comme la fièvre typhoïde, les cancers des appareils digestifs et les malformations congénitales se sont beaucoup développés depuis la privatisation d’YPF. La drogue et l’alcoolisme sont très présents. Le Maire a fait des appels à la population pour qu’elle engage des affrontements avec les piqueteros sur les barrages routiers, alors qu’aucune décision de justice ordonnant une expulsion n’avait été prise.

Quand les travailleurs licenciés d’YPF sont arrivés en fin de droit en 1996, la situation sociale et politique s’est très vite dégradée, la reconversion des travailleurs en commerçants ou en petits fournisseurs de services aux compagnies pétrolières a échoué. En 1997, les affrontements entre les habitants et la gendarmerie ont opposé plusieurs milliers de protagonistes de chaque côté. Ces évènements ont été qualifiés de « pueblada », révolte populaire massive. La résistance victorieuse a permis d’arracher des allocations pour les chômeurs et de mettre fin aux coupures d’électricité pour non payement des factures.

En avril 1996, l’Unión de los Trabajadores Desocupados (UTD) General Mosconi, a été créée. Sa première action a été l’occupation du Conseil municipal pendant 23 jours. Elle a obtenu les premiers Plans d’allocations mensuelles pour les chômeurs en fin de droit et des sacs de nourriture.

Après le second grand barrage de route, en décembre 1999, l’UTD General Mosconi a reçu les premières allocations administrées directement par l’organisation sans passer par la tutelle de la Municipalité qui distribuait les aides dans une logique de clientélisme. Ils refusent l’institutionnalisation de leur mouvement, la gestion des productions en coopératives, les assemblées générales consommatrices de temps et génératrices de conflits. Ils s’appuient sur une fondation qui reçoit les financements correspondant aux allocations de l’état pour leurs membres et aux facturations de leurs productions. Pour certains projets comme les constructions de pavillons, les travaux sont gérés par 20 coopératives regroupant 320 travailleurs. Face à la défaillance des politiques publiques et dans le contexte très hostile des autorités locales corrompues et réactionnaires avec des relents colonialistes et nostalgiques des dictatures militaires, le mouvement est multiforme : à la fois syndicat, comité de lutte, municipalité alternative, ONG, centre social, bâtisseur, structure de travaux publics, producteur, agriculteur. En 2000 les écoles de la ville ont été refaites pendant les vacances d’été. Le Centre Communautaire d’éducation technologique Universitaire pour le développement durable a été créé et appelé JU.VE.GO.SA.BA. pour les cinq tués par la répression à General Mosconi: Justiniano, Verón, Goméz, Santillán, Barrios.

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Les autres réalisations de l’UTD :

- Construction d’un quartier de 160 pavillons sur des terres concédées par le gouvernement suite aux luttes

- Construction de canaux

- Construction de routes avec des normes de qualité et à des coûts inférieurs à celui des entreprises contractualisées habituellement par la Municipalité en dehors de toute transparence

- Ramassage des fûts après l’abattage des arbres centenaires dans le cadre du déboisement des terres destinées à la culture du soja transgénique, avec un camion arraché aux entreprises pétrolières suite à des blocages de routes.

- Fabrication de meubles, portes et fenêtres en bois dur venant du ramassage avec des machines outils « récupérées »

- Atelier de mécanique, soudure et métallurgie pour la construction de charpentes métalliques. Aussi centre de formation pour les jeunes, dont certains sont toxicomanes

- Pépinière de centaines de plants d’arbres autochtones pour le reboisement installée dans des tours pétrolières métalliques couchées à l’horizontal

- Maraîchers communautaires, vergers avec Goyaves, papayes, mangues et élevages de porcs

- Atelier de couture avec une vingtaine de machines à coudre

- Récupération de bouteilles plastiques et compression pour recyclage avec une machine arrachée à une entreprise pétrolière

Dans la région, la population indigène est majoritairement Wichi et vit dans des conditions très difficiles. Elle est régulièrement chassée de ses terres par l’extension des monocultures. L’UTD a établi des liens de coopération avec ces communautés en se fournissant chez eux en briques pour les constructions. A leur demande, l’UTD a construit une dizaine de logements avec des charpentes métalliques et un système de récupération des eaux de pluie. La combativité, l’énergie, la mobilisation et les résultats de l’UTD sont impressionnants. Mais elle est menacée par le harcèlement des autorités locales et par le refus d’octroyer des commandes de travaux pour favoriser les entreprises « amies ». Elle participe aux rencontres nationales des entreprises récupérées mais les tentatives de coopération pour écouler leurs productions de portes et fenêtres avec les autres entreprises du bâtiment n’ont pas encore abouti. Leur refus de la participation des partis politiques dans leur fonctionnement a distendu les rapports avec la gauche radicale. L’UTD ne fait plus une priorité, comme d’autres mouvements piqueteros non proches du gouvernement, de la lutte pour l’obtention des allocations « plan Trabajar » distribuées par le gouvernement pour favoriser le développement des structures de production par les chômeurs. L’UTD considère avoir passé une étape dans l’organisation des productions collectives. Sa priorité s’est centrée autour de l’attribution des travaux de marché public et sur la reconnaissance de ses activités par les autorités locales.

Pierre Grenet

Bolivie : Evo Morales annonce un Sommet Climatique Alternatif pour avril 2010

La défense de la vie, de l’humanité et des droits de la Terre-mère ne sera possible qu’avec le changement de la politique mondiale afin d’empêcher que le réchauffement globale menace la survie sur la planète, a déclaré en décembre dernier le président Evo Morales Ayma. Dans une conférence de presse au le Palais du Gouvernement, le Chef d’État a dit qu’avec cet objectif la Bolivie doit “prendre l’initiative de convoquer un Sommet Mondial des Peuples sur le Changement climatique pour la défense de l’humanité, de la vie et de la planète” pour qu’il ai lieu en avril prochain. Il a noté sa conviction que l’échec du conclave présidentiel de Copenhague, est dû au fait que les nations industrialisées ont seulement choisi d’analyser les effets du changement climatique et non pas les causes. “Les causes du réchauffement global de la planète vient de l’industrialisation illimitée et déraisonnable promu par les grandes puissances qui ont contaminé l’atmosphère et mettent en danger la vie des êtres vivants, et pas seulement des humains”, a-t-il souligné.

Il a regretté que certains des présidents de ces nations “préfèrent opter pour l’argent et les gains et non pour la défense de la vie”. “Il est nécessaire que les gouvernants choisissent de contribuer à la vie pour sauver l’humanité et non pour la tuer”, a-t-il remarqué. Le Chef d’État bolivien a rejeté de manière ferme le fait que la Bolivie, le Venezuela et la Chine aient été les responsables de l’échec du Sommet de Copenhague. Il a fait remarqué qu’au contraire, leurs représentants ont défendu la nécessité que les nations changent de posture pour défendre la Terre-mère. “Il faut que le monde et ses représentants aient une vision claire pour identifier les vrais dangers qui menacent le survie sur la planète et pour adopter des mesures contre la contamination environnementale et le changement climatique”, a-t-il ajouté. Morales a dit que les pays industrialisés considèrent, par exemple, qu’il est encore possible d’avoir une élévation de la température globale de deux degrés centigrades sans avoir de conséquences mesurables.

Il a indiqué qu’actuellement nous sommes à 0,7 degrés centigrades au dessus de la normale et l’ont constate déjà des problèmes et des catastrophes qui questionnent la survie sur la planète, comme la fonte des glaciers et d’autres phénomènes climatiques. “Une élévation de la température mondiale de deux degrés centigrades serait une menace pour la survie du monde, à tel point que les eaux des océans monterons jusqu’à provoquer la disparition d’îles où vivent des êtres humains”, a-t-il souligné. Le Président bolivien a expliqué qu’au Sommet Mondial des Peuples sur le Changement climatique qui aura lieu en Bolivie, ce ne seront pas les présidents des pays intéressés et préoccupés de cela qui seront invités, mais des experts, des académiciens et des représentants des organisations sociales. “L’objectif est d’obtenir une position de consensus pour la soumettre au prochain Sommet sur le Changement climatique qui se déroulera en décembre 2010 au Mexique”, a dit le Chef d’État. Il a dit qu’il est grand temps que les nations industrialisées se convainquent de l’importance de la Terre-mère pour la vie des humains. “Les Droits de la Terre-mère sont plus importants que nos propres Droits de l’homme”, a-t-il dit, après avoir fait remarquer que la Terre peut vivre sans l’homme, mais pas le contraire. Il a mis l’accent sur la décision de l’ONU d’approuver la Résolution qui promeut l’harmonie avec la nature, ce qu’il a qualifié comme un pas important pour que la communauté internationale approuve finalement la “Déclaration Universelle des Droits de la Terre-mère”.

Il a souligné qu’un premier pas a été fait avec la Déclaration Internationale les Droits des Peuples Indigènes, qui sont les principales vigies des ressources naturelles qui permettent à l’humanité de vivre. Morales a précisé qu’au Sommet Mondial des Peuples seront définis les propositions qui seront présentée en décembre prochain au Mexique avec l’intention de provoquer un changement dans les politiques actuelles qui, loin de résoudre le problème du changement climatique, laissent la situation empirer et placent le monde au bord de l’abîme.

Adalid Cabrera Lemuz - Source: Servindi / Traduction: www.primitivi.org

Laissons le pétrole sous terre !

Appel national en faveur de l’Initiative Yasuni-ITT - Équateur

Nous, citoyens, militants pour l’environnement, collectifs et organisations écologistes, associations, partis politiques et syndicats, dénonçons l’échec du Sommet de Copenhague et appelons le gouvernement français et l’Union européenne à soutenir l’initiative Yasuni-ITT en Equateur. Le projet ITT (sigle venant du nom des trois forages d’exploration qui se trouvent dans la zone : Ishpingo-Tambococha-Tiputini), porté par des mouvements sociaux, est une des initiatives proposée par gouvernement équatorien afin de lutter contre le réchauffement climatique global. Il s’agit de ne pas exploiter quelque 850 millions de barils de pétrole situés dans le Parc Yasuní, une réserve naturelle qui contient une des plus importantes biodiversité dans le monde et qui est habitée par des communautés indigènes d’Amazonie, les Tagaeri, les Taromenane et les Oñamenane (qui font partie de la nationalité Waorani).

L’Équateur possède une économie basée principalement sur la rente du pétrole qui représente 22,2% du PIB, 63,1% des exportations et 46,6% du Budget Général de l’État, pour l’année 2008. Les réserves de l’ITT représentent environ 20% des réserves totales connues dans le pays. C’est donc une manne financière dont un pays aussi pauvre que l’Equateur ne peut se passer. Pourtant, la proposition du gouvernement équatorien est de ne pas exploiter ces réserves d’énergie fossile, alors que l’exploitation de ce pétrole lourd, pourrait rapporter à l’État entre 5 et 6 milliards de dollars (avec un prix d’environ 70 dollars le baril).

En échange, l’Équateur, partant du principe onusien de responsabilité commune mais différenciée pour les problèmes environnementaux globaux, demande à la communauté internationale une contribution à hauteur de 50% de la manne financière dont il pourrait disposer s’il exploitait ce pétrole. En effet, éviter les émissions d’environ 410 millions de tonnes de CO2, favoriser la conservation de la biodiversité en Amazonie, éviter la déforestation, respecter les droits des peuples indigènes qui habitent cette terre, apportent des bénéfices à l’humanité dans son ensemble. C’est un pas vers la reconnaissance du climat comme bien public mondial et de la dette écologique des pays les plus pollueurs.

L’échec du Sommet mondial de Copenhague qui devait aboutir à un accord contraignant sur la réduction des gaz à effet de serre, afin de prolonger le Protocole de Kyoto pour la période après 2012, nous conduit à mettre nos gouvernements devant leurs responsabilités, notamment pour qu’ils s’engagent à appuyer des initiatives existantes. Le projet ITT représente en effet une amorce de transition écologique pour aller vers un modèle alternatif de développement non productiviste et respectueux de la «Madre Tierra», de la nature, pour l’Equateur et le reste du monde.

Il ne s’agit plus de faire des discours d’intention sur les impacts du réchauffement global et du changement climatique. Le monde a besoin d’actions concrètes et de la mise en place de véritables politiques publiques en matière d’écologie, appuyées sur les mouvements sociaux et les peuples concernés. Le projet ITT, menacé aujourd’hui par l’absence d’engagements qui conforte ceux qui s’y opposent, est une des premières initiatives qui va dans ce sens-là ; il représente un exemple pour que l’économie post-pétrolière et la justice climatique deviennent réalité. Nous appelons le gouvernement français ainsi que l’Union européenne à suivre l’exemple de l’Allemagne (qui s’est engagée à financer ce projet à hauteur de 50 millions d’euros par an, pendant 13 ans) et à apporter leur contribution, financière afin que l’Initiative Yasuni-ITT puisse se réaliser. Nous appelons aussi le gouvernement équatorien à poursuivre son projet, en lien avec les mouvements sociaux qui le portent. Enfin, l’échec des négociations de Copenhague a montré qu’il était plus que jamais nécessaire que l’ensemble des mouvements sociaux et les sociétés se réapproprient le débat. C’est pourquoi nous nous engageons à nous mobiliser collectivement pour soutenir l'Initiative Yasuni-ITT et invitons les mouvements sociaux, les mouvements écologistes et plus globalement le mouvement altermondialiste à soutenir cet appel.

Premiers signataires : ATTAC France ; Association Anciela ; Association France Amérique latine ; Parti de Gauche ; Nouveau Parti Anticapitaliste

Plus d’informations :

http://www.yasuni-itt.gov.ec/
http://www.sosyasuni.org/fr/

Mineurs du Mexique en lutte

Le gouvernement mexicain tente d’en finir avec un conflit qui dure depuis juillet 2007 entre les mineurs de la mine historique de Cananea et leur patron du Groupe Minera México pour non respect des conventions collectives et absence de sécurité sur les installations. Adhérents du Syndicat national des travailleurs mineurs, métallurgistes, sidérurgistes et assimilés, ils viennent de subir la scandaleuse décision du Tribunal chargé des affaires du travail qui nie la légalité de cette grève, l’une des plus longues de l’histoire minière du pays. Les ouvriers se disent prêts à se défendre jusqu’au bout, et selon leurs déclarations, s’il le faut « au prix de leurs vies ».

Leurs luttes s’étendent sur le plan national avec désormais des mouvements de grèves dans d’autres mines de l’Etat de Sonora, Zacatecas, Taxco et Guerrero. Le patronat a même fait venir l’armée et la police fédérales dans la mine et, comme mesure de pression, a retiré l’accès aux services médicaux, le gaz et l’électricité aux grévistes et à leurs familles.

Le NPA se joint à l’appel des mineurs de Cananea et demande le retrait des forces armées et de la police sur lieu de travail des ouvriers, la restitution de leurs droits ainsi que les services de base, et le respect du droit de grève, selon l’article 123 de la Constitution mexicaine et le code du travail en vigueur.

Plus d’informations : ici

EDITO : “Copenhague : cet échec est le leur, pas le notre !”

L'échec attendu des “accords” gouvernementaux à Copenhague est à l´opposé du résultat des mobilisations: une grande convergence des militants politiques, du mouvement écologiste, des mouvements sociaux. Cependant, au milieu des rencontres officielles, Hugo Chavez et Evo Morales ont su rendre ce sommet plus intéressant et accompagné le climat de radicalité générale exprimée par les centaines de jeunes, syndicalistes, militants de différents pays. Le président vénézuélien, dans son discours, a accusé les pays riches d’être responsables de l’impasse actuelle par manque de volonté politique et d’un programme de baisse drastique des émissions de CO2. Inspiré par les panneaux du défilé haut en couleurs du samedi 12 décembre, il s’est exclamé : “Si le climat était une banque les gouvernements des pays riches l’auraient déjà sauvé”.

En ce qui concerne Morales, il s’est réuni avec les mouvements sociaux et a présenté sa proposition d’un référendum pour rétablir des nouveaux rapports entre les individus et la nature, pour mettre un frein au consumérisme capitaliste... La mobilisation des organisations associatives, syndicales et politiques venant des différents continents a été au-delà des espérances des Danois eux-mêmes. Non seulement par la participation massive (100000 personnes à la manifestation du 12), mais aussi par leur détermination à dénoncer le système capitaliste comme responsable du réchauffement climatique et la crise écologue mondiale. Le même état d´esprit animait les forums alternatifs éparpillés dans toute la ville. Les thèmes choisis, les discussions, des préoccupations militantes révélaient la radicalité des propos de chacun. Décidé à y participer activement, le NPA, avec une centaine de militants, était présent à la manifestation de façon très visible (banderoles, tracts et drapeaux) et suivis de mots d’ordre concernant l’anti-impérialisme, l’anticapitalisme, l’antiracisme, et pour la défense d’une autre société...

Le NPA a également participé au forum alternatif et l’une des grandes réussites a été le forum sur l´écosocialisme, animé par Michael Löwy, avec une camarade du Canada, un autre de l´Allemagne et le jeune Peter Nielsen du Danemark. Le thème a suscité un long débat dans une salle bondée avec la participation d’un public composé de syndicalistes, de féministes, de militants latino-américains, de militants anti-racistes. Le meeting du RGA (Alliance Rouge et Vert - Danemark) était lui aussi un succès avec plus de 200 personnes, cependant les élus suédois, portugais et grecs ont présenté les enjeux du sommet de façon décalée par rapport aux attentes d’un public qui ne se fatiguait pas d’exprimer sa détermination à se positionner en dehors des discours et stratégies institutionnels. Le NPA est intervenu et le sigle du parti à peine cité, la salle a salué notre présence par une ovation, ce qui a révélé la popularité du parti au sein des militant-e-s présents. A la fin du meeting, la salle scandait les mots d´ordre que les français avaient lancé à la manifestation du 12.

A souligner le rôle des peuples originaires du pôle Nord, de l´Amérique latine et d’autres latitudes : ils ouvraient la manifestation du samedi avec leurs habits traditionnels, leurs fronts graves et résolus. Ils ont animé des forums souvent très politiques et suscité de nombreux débats grâce à leurs propositions concernant une société alternative au capitalisme, contre les mesures impérialistes dans leurs territoires, et en ce qui concerne les initiatives à prendre au cours du prochain Sommet Union européenne-Amérique latine en mai prochain à Madrid. Les organisations indigènes proposent particulièrement de se mobiliser pour empêcher les ravages des transnationales et des pays impérialistes au travers d’Accords d´association qu´ils veulent imposer à leurs peuples. Cette fois-ci encore, le NPA aura un vrai rôle à jouer à leurs côtés.