lundi 16 novembre 2009

EDITO : HONDURAS : NE RIEN LACHER !


Les derniers évènements en Honduras confirment que le putsch a constitué un banc d’essai pour relancer une stratégie de contrôle de la région par l’oligarchie locale et, indirectement, sous l’égide du Pentagone. Il s’agissait d’organiser un coup d’Etat militaire contre un président devenu incontrôlable et face à la montée du mouvement de masse, et ensuite « d’envelopper » le tout dans un processus de négociation politique et diplomatique, visant à donner une légitimité pseudo démocratique au pouvoir putschiste. Sous l’impulsion du gouvernement états-unien, l’accord passé -puis rompu- entre putschistes et le président élu (Manuel Zelaya), symbolise la continuité du pourrissement d’une situation, au travers d’une tactique de négociations engageant les gouvernements des pays de l’Organisation des Etats américains (OEA), pour aboutir à la destitution de fait du président déchu, par l’imposition des élections le 29 novembre. Etant donnée la résistance inattendue des mouvements sociaux et du « Front de résistance » honduriens et le rôle exercé par les gouvernements du Venezuela, de la Bolivie, de l’Equateur, les putschistes ont été obligés d’essayer de donner un aspect démocratique à l’issue des évènements. Les élections sont pourtant ressenties par les classes populaires mobilisées comme une mascarade institutionnalisée, ce qui a même provoqué le refus de l’Union européenne et de Miguel Insulza, président de l’OEA, d’envoyer des missions d’observation à cette occasion.

Néanmoins, de la même façon que le gouvernement états-unien, l’UE table aussi sur la dégradation des perspectives progressistes et l’affaiblissement du niveau des luttes dans la région . En 2003, l’UE a conclu des négociations en vue d’accords avec cinq pays de l’Amérique centrale, dont le Honduras, malgré les critiques des diverses organisations internationales. En effet, ces accords, dits d’association, continuellement relancés, ne sont souvent que des clauses réglementaires qui institutionnalisent le libre commerce et le néolibéralisme dans tout le continent. En mars 2009, les confédérations syndicales d’Europe et de l’Amérique latine ont mis en garde la Commission de négociation européenne à ce propos ; en avril 2009, Via Campesina dénoncait publiquement la politique agressive de l’UE (partiellement freinée suite à la sortie du Nicaragua de la table de discussions). La situation d’impasse au Honduras ne sert aucunement les intérêts impériaux de l’UE. Mais, l’obtention de l’interdiction de l’envoi d’observateurs européens pour le scrutin de novembre par les députés Verts n’est nullement suffisante et s’est même montrée dérisoire, car la Commission européenne a contourné la question en décidant d’envoyer deux « experts »… Pour la bourgeoisie européenne, il est vital d’arriver à un accord solide en 2010, lors du Sommet UE-Amérique centrale-Caraïbes (à Madrid).

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