lundi 16 novembre 2009

KRAFT (ARGENTINE) : LA CLASSE OUVRIERE ET SON COMBAT

Depuis 2 mois, le conflit de Kraft est en Argentine un élément central du combat des exploités contre le patronat, le gouvernement et la domination impérialiste.

Cette grève a connu des importants développements, marqué par l’organisation ouvrière à la base, l’occupation des lieux de travail, la mobilisation populaire dans les rues de Buenos Aires, la solidarité active des étudiantes, la présence des piqueteros. Elle montre aussi l’apparition et la consolidation d’un nouveau syndicalisme et a ouvert un débat sur le rôle des organisations politiques.

La mobilisation avait comme revendication l’annulation des licenciements décides par les patrons et que tous les délégués syndicaux puissent reprendre leur place dans l’usine. La combativité a redoublé après la répression de vendredi 25 septembre quand la police a délogé les ouvriers de l’usine occupée et suite à l’intervention directe de l’ambassade nord-américaine.

Kraft est la seconde multinationale du secteur agroalimentaire derrière Nestlé. L’usine de General Pacheco, dans la banlieue Nord de Buenos Aires, est la principale unité agroalimentaire d’Argentine. L’entreprise essaie par le biais de ces licenciements de se débarrasser des syndicalistes combatifs qui, au sein de l’usine, mènent un combat très dur en défense des droits des travailleurs. Kraft comme l’ensemble de la bourgeoisie demandent une politique de surexploitation comme réponse à la crise. Dans cette usine, le patronat s’est refusé a toute mesure de protection contre la grippe A et a annoncé l’intention de passer d’un régime de « trois-huit » à un autre de « deux douze heures ».

La grève et la mobilisation ont imposé à Kraft et au gouvernement la voie de la « négociation ». Les délègues syndicaux sont revenus à l’usine par décision de la justice et on a proposé finalement un « accord » qui décrète la « paix sociale » et maintient plus de 100 licenciements.

C’est la conduite typique d’un gouvernement appelé « progressiste », qui négocie au même temps l’appui du FMI du capital financier et mène une politique de cooptation étatique du mouvement ouvrier à travers la collaboration des directions syndicales bureaucratiques et pourries.

La lutte a été menée par la « comisión interna », le comité qui représente les ouvrier(e)s de l’usine. Ce comité (11 membres) résulte d’un long affrontement entre les délègues de la base et la direction du syndicat. Le conflit est aussi politique. Le secrétaire du comité adhère au PCR (maoïste) et un des délègues les plus combatifs adhère au PTS (Partido de los Trabajadores Socialista, trotskiste). Daer secrétaire général du syndicat de l’alimentation, a toujours parlé de son combat contre l’ultragauche » au nom du péronisme.

Mais l’accord proposé par les patrons et le gouvernement a divisé le comité d’usine. Le secrétaire était favorable à son adoption et il a pu passer grâce à ce recul. On peut dire que les forces conjuguent de l’Etat et du capital ont réussi à imposer ses conditions, mais seulement en partie.

La lutte de Kraft a permis de limiter les effets de la politique capitaliste et aussi d’affirmer une nouvelle couche de militants ouvriers. Le mardi 3 novembre après l’imposition de la « paix sociale » et la division du comité d’usine, on a réalisé des élections d’un nouveau comité. Les conditions étaient très dures, à commencer par l’exclusion des licenciés. 3 listes se sont présenté : celle du secrétaire général, celle de la bureaucratie et celle du secteur combatif. C’est cette dernière qui a eu la majorité. C’est une victoire qui montre une tendance de fond de l’évolution du mouvement ouvrier argentin et de la lutte de classes.

Le Parti Ouvrier et le PTS ont joué un rôle énorme dans la grève et la mobilisation populaires dans la ville de Buenos Aires, au point de faire de Kraft une cause nationale. C’est aussi un pas en avant dans les liens entre les organisations politiques de la classe ouvrière opposée au gouvernement, et la lutte anticapitaliste de tous les jours dans les usines et les quartiers.

Marcelo NOWERSZTERN

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