lundi 6 septembre 2010

EDITO : Des contradictions et des espoirs

C'est la rentrée ! Gageons qu'elle se déroule en France, sous le signe de la lutte contre les projets antisociaux du gouvernement Sarkozy. Gageons aussi que ces luttes nous permettront de poser la question centrale du renversement du capitalisme. En la matière, nous avons à apprendre des luttes, des succès et des échecs qui ont eu lieu en Amérique latine. Il y a dix ans, Lula accédait au pouvoir au Brésil avec le Parti des Travailleurs. Cette nouvelle phase dans l'histoire du Brésil a soulevé de nombreux débats sur les voies et moyens de changer de société. Et aussi des ruptures entre ceux qui pensent qu'on peut gérer le capitalisme dans l'intérêt de la classe ouvrière, donc en préservant les intérêts de la bourgeoisie, et ceux pour qui son renversement est la condition de l'émancipation du plus grand nombre. Nous sommes à leurs côtés dans la construction du Parti pour le Socialisme et la Liberté (PSOL). Cette rupture reflète les contradictions auxquels sont confrontés tous les processus dans les Amériques latines.


Au Venezuela, pays pétrolier, le gouvernement Chavez a réussi à se débarrasser de la droite la plus outrancière et raciste. Mais le peuple vénézuélien est confronté à l'émergence d'une nouvelle bourgeoisie "chaviste" et à la lourdeur bureaucratique d'un Etat toujours clientéliste. Ils font obstacle à la volonté des secteurs populaires et ouvriers d'aller plus loin dans le "processus révolutionnaire". La Bolivie aussi est confrontée en permanence aux intérêts contradictoires d'une bourgeoisie très minoritaire mais puissante et les intérêts de la masse bolivienne. En Equateur avec Correa au pouvoir, les contradictions s'aiguisent entre les partisans d'un modus vivendi avec les grandes familles propriétaires et ceux, notamment indigènes, qui veulent prendre le contrôle des grandes sources de richesses du pays.

C'est là une caractéristique importante des processus à l’œuvre en Amérique latine. Les forces motrices des luttes anticapitalistes et anti-impérialistes se trouvent autant dans les secteurs populaires urbains, dans les grandes concentrations industrielles que dans les campagnes indigènes. Au Pérou, ce sont ces dernières qui sont à la tête des luttes contre le gouvernement d'Alan Garcia, corrompu et ouvertement au service de la bourgeoisie des intérêts transnationaux. En Bolivie, ce sont eux qui ont porté Evo Morales au pouvoir. Au cœur de l'Amazonie équatorienne, ce sont encore eux qui luttent depuis des années pour la préservation de leur environnement des intérêts des industries d'extraction, et sont à l'origine du projet Yasuni de gel des extractions minières. Par leur mode d'organisation et leur vision du monde, il y a, avec ces peuples, de grandes possibilités d'alliance politique pour les anticapitalistes.

Dans tous les cas, de l'Argentine à Cuba, du Pacifique à l'Atlantique, en situation de résistance comme en Colombie ou au Pérou, confrontés au golpisme comme en Honduras, avec des gouvernements issus de leur rang ou de gouvernements de droite, les forces populaires et indigènes posent ouvertement le besoin de socialisme, débattent depuis plusieurs années des voies pour se débarrasser du capitalisme. Une société débarrassée de l'exploitation et de l'aliénation, ou la majorité décide de tout, y compris des grandes orientations économiques et industrielles. C'est ce débat que nous voulons poser en France. Plus loin que les nécessaires résistances, nous ne résoudrons la crise sociale et de pouvoir d'achat que vit la majorité de la population qu'en ôtant le pouvoir des mains des capitalistes, qu'en conquérant le pouvoir pour et par la majorité de la population : ceux qui ne vivent que de leur travail. Une utopie ? Oui, le socialisme !

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