Photo Julien Terrié : Réunion publique dans
le camp de la jeunesse du FST de Porto Alegre avec des représentants de Occupy
Wall Street, Occupy London, indignés grec, espagnols, des étudiants chiliens et
brésiliens et des militants tunisiens.
Interview José Corréia
Membre du GRAP (Groupe organisateur du FST de Porto Alegre 2012)
Propos recueillis par Julien
Terrié
Quel bilan tirez vous de ce Forum Social Thématique de
Porto Alegre ?
Je pense que le FST a été un moment important et a été un
succès. Ce n’était pas gagné d’avance, mais on a compté entre 50.000 et 60.000
personnes ayant participé à 600 activités ayant pour thème le sommet des
peuples de Rio+20, la crise capitaliste, la justice sociale et la justice
environnementale. Je crois que le premier point très positif a été la
construction de la mobilisation vers le contre-sommet de Rio +20.
Que va t-il se passer à Rio ?
L’ONU va organiser, 20 ans après la première Conférence sur
le Climat de Rio, une conférence sur une des stratégies de sortie de crise
qu’est l’économie « verte ». L’importance du FST a été de faire la
lumière sur ce projet nommé « draft zéro » qui est une avancée sans
précédent sur la marchandisation de la nature, totalement inacceptable par tous
les mouvements sociaux. La question aussi de la nouvelle gouvernance de cette
économie « verte » sera posée aussi à Rio, par exemple, si les
gouvernements européens décident une taxe carbone sur les vols, il faut des
institutions pour appliquer cette règle à l’échelle globale. A Rio sera donc
décidé une nouvelle forme de régulation du capitalisme qui n’a d’autre but de
garantir encore plus de profits sur la base de nouveaux marchés
« verts ».
Quelle est la démarche du Forum contre cette économie
« verte » ?
Tout d’abord nous avons compris que nous avions à anticiper
le processus parce que les accords entre gouvernements vont vite être bouclés,
maintenant nous pourrons intervenir dans le processus de négociation pour
tenter, en réalité, de bloquer les négociations ou les initiatives qui
cherchent à légitimer ou justifier une nouvelle avancée de la marchandisation
de la nature. Il faut vraiment
bloquer cela c’est une attaque aux biens communs et nécessite une forte
réaction de tous les mouvements sociaux de la planète. Pour cela nous avons
articuler différemment ce forum pour qu’il soit réellement force de
proposition.
Quelles propositions sortent de ce forum ?
Nous avons mis en place des groupes de travails (biens
communs, finance, santé, éducation, …) qui ont produit des analyses et
propositions et vont continuer à travailler jusqu’en Mai. Nous avons mis en
place une commission de systématisation avec Pablo Solon, Genevieve Azam,
Edgardo lander et moi-même. Elle agira en discussion avec la coordination
générale des mouvements sociaux et du sommet des peuples pour rédiger un contre
projet au « Draft zéro » qui sera proposé à la négociation pendant la
conférence des nations-unies de Rio. Nous voulons proposer une vision alternative
de société que les mouvements sociaux pourrons s’approprier. Nous voulions
réellement des bases programmatiques nouvelles alternatives au système
capitaliste et pour l’union des mouvements sociaux à l’échelle planétaire.
Des campagnes concrètes ont été mises en place ?
Nous partons de Porto Alegre avec des initatives
importantes : La mise en place d’une campagne internationale contre
l’économie « verte » qui sort d’ici bien structurée. Il est arrivé
quelque chose de très important, surtout pour l’Amérique Latine, une union
entre les organisateurs du Forum et les acteurs qui privilégiaient l’assemblée
des mouvements sociaux. Ce rapprochement se fait sur la base d’une évaluation
que nous entrons dans une nouvelle période historique, qu’il y a des nouveaux
acteurs, de nouvelles formes de lutte, de nouvelles questions de société
posées. Et nous devons consolider ce processus d’union d’une manière ou d’une
autre.
Comment se matérialise cette union ?
Une concrétisation de cette union sera pendant la journée de
mobilisation mondiale le 5 juin 2012 contre la crise capitaliste et la
destruction de l’environnement décidée pendant l’assemblée des mouvements
sociaux du 28 janvier pendant le Forum. Un autre point important, nous avons
discuté de ces initiatives, pour qu’ils s’y associent, avec les mouvement
indignés européens (Espagne, Grèce), les mouvement « occupy » (USA et
Angleterre), des militants du printemps Arabe et le mouvement Chilien dont nous
avions invité des représentants ici à Porto Alegre. Par exemple, Occupy Wall
Street va organiser une action dirigée vers l’ONU pendant Rio+20 dans le cadre
de leur « printemps américain » qui commencera le 1er mai 2012.
Quel est le calendrier des rendez-vous
internationaux ?
Première étape, nous faisons un séminaire en mai à Rio pour
unir le travail des groupes thématiques et rédiger un contre « draft
zéro ». Puis, nous bâtissons la plus massive mobilisation possible à
l’échelle planétaire pour le 5 juin 2012. A Rio+20 du 18 au 23 juin, pendant le
sommet des peuples, nous allons continuer le processus d’union des mouvements
sociaux notamment ceux issus de la crise et tenter de bloquer la mise en place
de l’économie « verte ». Puis en juillet se tiendra le Forum social
du Magreb/macherk qui aura lieu à Monastir (près de Tunis) du 10 au 14 juillet
2012 avec, nous l’espérons, une dynamique régionale très importante. Le but est
d’alimenter programmatiquement et par échange d’expérience les mouvements
sociaux à l‘échelle planétaire.
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