mercredi 17 novembre 2010

INTERVENTION NPA AUX 40 ANS DE FAL

Le NPA remercie France Amérique latine pour l’invitation à participer de ses 40 ans de vie militante de solidarité avec les peuples en lutte de l’Amérique latine, toujours en cherchant à unir nos forces et nos efforts pour construire la résistance à l’oppression, à l’exploitation, aux discriminations des peuples et à la destruction de l’environnement, à cause des politiques imposées par les pays les plus riches afin de favoriser leurs économies dans un cadre mondialisé. L’action de FAL contribue ainsi à l’activité internationaliste.

mercredi 3 novembre 2010

Brésil. Le mirage d’une victoire

bresil-3422.jpg
Dilma Roussef a remporté les élections présidentielles en ratissant large. La population doit s’attendre à de nouveaux plans de rigueur.

Avec 56 % des voix, Dilma Rousseff est la huitième femme élue présidente en Amérique latine, après une campagne bâtie méticuleusement sur la popularité de Lula da Silva, candidat sortant. Cette réussite doit aussi à l’habileté du Parti des travailleurs (PT) qui, depuis plusieurs décennies, s’allie à des secteurs représentatifs de la bourgeoisie, sans s’éloigner totalement du prolétariat brésilien. Parmi les dix partis politiques de la coalition 2010 qui porte Roussef au gouvernement, sept sont de droite. Ce n’est donc pas par hasard si, le soir de sa victoire, le 31 octobre, elle a promis de poursuivre la politique de son prédécesseur : ouverture aux capitaux et marchés internationaux, simplification et assouplissement fiscaux, initiatives en faveur des entrepreneurs, renforcement de certains instruments économiques de régulation.

Chili. L’enfer sous terre, le profit… sur terre


La mésaventure et le courage des 33 mineurs qui ont passé 70 jours enterrés à la suite d’un éboulement dans la mine de San José (nord Chili) ont fait le tour du monde. Mais la solidarité populaire a été largement instrumentalisée par le gouvernement de Sebastian Piñera.

Le président du Chili, Sebastián Piñera, l’ultralibéral « Berlusconi chilien », élu en janvier 2010, est un habitué des médias et un multimillionnaire qui entend gérer le Chili comme ses entreprises. Les « 33 » (32 Chiliens et un Bolivien) ont été proclamés « héros du bicentenaire de l’indépendance » avec une débauche de discours patriotiques et de drapeaux nationaux.

dimanche 31 octobre 2010

LATINO-DOCS 2010 à TOULOUSE


PROGRAMME COMPLET LATINO-DOCS
Télécharger le programme.
Cliquez sur les titres pour avoir plus d’infos
MERCREDI 3 NOV.
20h30 HONDURAS – Nous n’avons pas peur !
Documentaire sur la résistance du peuple hondurien face au coup d’état.
K. Lara – 2010 – 110 min – VOSTfr (Cinéma le Cratère)
Débat avec Gabriela Carias et René Amador (l’un des protagonistes du documentaire)


VENDREDI 5 NOV. (Maison des associations)
17h00 HAITI – Chronique d’une catastrophe annoncée
A. Antonin – 2010 – 20 min – VOSTfr
Repas Latino
20h30 CUBA – Le Blocus : Guerre contre Cuba
D. Desaloms – 2004 – 68 min – VOSTfr -  Débat avec Maxime Vivas et FRANCE CUBA


SAMEDI 6 NOV.
14h30 BRESIL – Une semaine à Parajuru
Comment des projets sociaux peuvent cacher un néocolonialisme !
J. Huerta – 2009 – 68 min – VOSTfr – Débat avec José Huerta (
Samba Résille)
17h00 Le business de l’or au Guatemala
G. Lassalle – 2009 – 54 min – VOSTfr – Débat avec Grégory Lassalle (Samba Résille)
Repas Latino

20h30 Soirée féministe:
« Les femmes et les conflits en Amérique Latine : de la dénonciation à la résistance »
3 mini-docs + débat avec « L’ébranleuse » et « Promedios » (
Samba Résille)
+
Concert gratuit de RITA MACEDO (Musique brésilienne)

DIMANCHE 7 NOV.
10h00 BOLIVIE – Le Roi, la Ministre et le Paysan
Portrait d’acteurs du processus révolutionnaire bolivien.
S. Pick et F. Lecoudre – 2010 – 54 min – VOSTfr (Utopia Tournefeuille)
Débat avec les réalisateurs et Ulisse Quiroz de France Amérique Latine

14h00 « Latinos d’Oc »    avec la collaboration de l’ESAV (Rincon Chileno)
Docs de F. Vargas, D. Dupuy, F. Lucero et J.M. Lacaze

20h30 COLOMBIE – L’affaire Coca-cola
Révélation de l’assassinat de syndicalistes par une filière de Coca-cola.
G. Gutiérrez/C. Garcia – 2010 – 85 min – VOSTfr (Cinéma ABC)
Débat avec Carlos Palma de France Amérique Latine


LUNDI 8 NOV.
20h30
VENEZUELA – Persona Non Grata (Utopia Toulouse)
Retour d’un ex-prêtre belge au Venezuela, expulsé du pays pour avoir lutté dans les barrios.
F. Wuytack – 2010 – 85 min – VOSTfr.
Débat avec Fabio et Franz Wuytack (le personnage principal du film)

vendredi 1 octobre 2010

Réponse immédiate à la tentative de coup d'Etat Equateur Ecuador



RASSEMBLEMENT DEVANT L'AMBASSADE DE L'EQUATEUR A PARIS CONTRE LE COUP D'ETAT
VENDREDI 1 OCTOBRE
34 AVENUE DE MESSINES 75008 PARIS 
19 HEURES
métro Monceau

Concentración frente a la embajada del Ecuador en Paris para rechazar el golpe de Estado
 
A la comunidad internacional, Radio Latinos, repudia y condena el intento de golpe de Estado que sectores de las fuerzas policiales vienen implementando en Ecuador y nos unimos al llamado de solidaridad que diferentes colectivos latino americanos vienen realizando para concentrarnos mañana viernes 1 de Octubre frente a la embajada del Ecuador en París (34 Avenue de Messines 75008 Paris), a partir de la 19 horas.
 
No permitamos que la nefasta y dolorosa experiencia de Honduras se repita en el Ecuador!!
 
Todos con el Presidente Correa, Todos con la democracia en Ecuador!!
 
No al Estado retrogrado y dictatorial que quieren imponer los sirvientes del imperialismo norteamericano!!

dimanche 26 septembre 2010

CHILI : TOUS VIVANTS, TOUS LIBRES !

APPEL À MANIFESTER LE MERCREDI 29 SEPTEMBRE FACE À L’AMBASSADE DU CHILI

SOLIDARITÉ AVEC LES 34 PRISONNIERS POLITIQUES  MAPUCHE
EN GRÈVE DE LA FAIM  AU CHILI !

Au sud du Chili,  34 Prisonniers Politiques Mapuche, répartis dans six prisons, sont en grève de la faim depuis le 12 juillet dernier pour faire connaître et aboutir leurs revendications. Plusieurs sont hospitalisés dans un état critique et l’inquiétude grandit au fil des jours qui passent sans aucun geste sérieux de la part du gouvernement de S. Piñera.

samedi 18 septembre 2010

Michael Löwy et les chatoiements de l’anticapitalisme romantique

Trois récents livres donnent un aperçu de l'étendu de l'œuvre du sociologue et philosophe Michael Löwy, notamment spécialiste de Walter Benjamin, de Franz Kafka et du romantisme, par ailleurs militant du Nouveau Parti Anticapitaliste.


Les richesses du NPA sont souvent méconnues, y compris des membres du NPA eux-mêmes. Richesses des itinéraires militants, des expériences vécues par les unes et par les autres, des initiatives et des inventivités (du local au mondial), des ingéniosités techniques et des talents artistiques...qui circulent encore si peu dans l'organisation, en tout cas beaucoup moins que les langues de bois tonitruantes. Lieu de coopération entre individualités, le paradoxal parti libertaire que nous avons parfois en tête ne brille-t-il pas davantage grâce aux miroitements individuels enrichissant notre collectif en devenir ? Marx et Engels ne parlaient-ils pas dans Le Manifeste communiste (1848) d'« une association où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous » (et pas l'inverse, comme l'ont longtemps cru nombre de marxistes orthodoxes trop pressés), formule reprise dans les Principes fondateurs du NPA ? 

lundi 6 septembre 2010

EDITO : Des contradictions et des espoirs

C'est la rentrée ! Gageons qu'elle se déroule en France, sous le signe de la lutte contre les projets antisociaux du gouvernement Sarkozy. Gageons aussi que ces luttes nous permettront de poser la question centrale du renversement du capitalisme. En la matière, nous avons à apprendre des luttes, des succès et des échecs qui ont eu lieu en Amérique latine. Il y a dix ans, Lula accédait au pouvoir au Brésil avec le Parti des Travailleurs. Cette nouvelle phase dans l'histoire du Brésil a soulevé de nombreux débats sur les voies et moyens de changer de société. Et aussi des ruptures entre ceux qui pensent qu'on peut gérer le capitalisme dans l'intérêt de la classe ouvrière, donc en préservant les intérêts de la bourgeoisie, et ceux pour qui son renversement est la condition de l'émancipation du plus grand nombre. Nous sommes à leurs côtés dans la construction du Parti pour le Socialisme et la Liberté (PSOL). Cette rupture reflète les contradictions auxquels sont confrontés tous les processus dans les Amériques latines.

L’Amérique latine : pôle de résistance et laboratoire social

L’Amérique Latine a longtemps été un terreau fertile pour les expériences révolutionnaires. Depuis une vingtaine d’années, elle est probablement devenue le principal foyer de résistance à la mondialisation capitaliste et à l’hégémonie de l’Empire. La richesse et la diversité de ces expériences permettent de qualifier le sous-continent de véritable laboratoire social. En janvier 1994, l’insurrection zapatiste contre l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA) montre la voie de la résistance contre les institutions internationales. Elle est suivie une décennie plus tard par la mobilisation continentale contre l’accord de libre échange des Amériques (ALCA) et sa mise en échec lors du sommet de Mar del Plata en novembre 2005. 

Brésil : processus d’unification syndicale suspendu

Toutes les conditions étaient réunies, ces 5 et 6 juin 2010, pour écrire une page importante de l’histoire du mouvement des travailleurs brésiliens : 3115 délégués, 799 observateurs et 120 observateurs internationaux (venus de 25 pays) étaient réunis à Santos pour le Congrès CONCLAT (Congrès de la Classe Travailleuse) convoqué par 6 organisations (MAS, Conlutas, Intersindical, MTL, MTST, Pastoral Operaria).Il s’agissait de conclure par l’ unification les débats menés depuis plus de deux ans sur le caractère de cette unification syndicale par une commission de coordination et de préparation du congrès, composée des représentants des divers partenaires, débats repris dans les semaines précédant le congrès par plus de 20 000 travailleurs, réunis dans les 913 assemblées d’ élection des délégués élus. Après des heures de congrès, les ultimes moments ont révélés des problèmes profonds et l’unification n’a pas eu  lieu pour le moment. Retour sur une occasion loupée.

Résistances indigènes. 500 ans d’organisation sociale collective

Dans tous les pays où existe une population indigène, celle-ci lutte avec combativité en défense de la Mère Terre, contre les attaques des entreprises pétrolières, minières, d’exploitation de bois, etc. L’agro-industrie est également l’ennemie du sol et des populations, car elle détruit les sols par la monoculture et l’utilisation d’engrais chimiques, elle surexploite les travailleurs et le plus souvent elle produit pour l’exportation par exemple des biocombustibles pour alimenter les véhicules. Une autre attaque consiste à construire des barrages, des entreprises hydroélectriques, des aéroports, des routes, etc. au service des entreprises et au détriment des habitants. Le massacre à Bagua d’environ 200 péruviens amazoniens (le chiffre officiel est de 10), dont les cadavres ont été incinérés par les forces de répression, a provoqué l’indignation internationale. Mais il existe aussi des victoires, comme celle de Tambogrande qui a empêché l'entreprise canadienne Manhattan d'extraire l'or qui se trouve dans le sous sol.

Pérou : Soutenons les luttes indiennes !

Il y a un an déjà, en juin 2009, le gouvernement péruvien de l’APRA présidé par Alan GARCIA PEREZ mettait fin dans le sang à une mobilisation des indiens de l’Amazonie péruvienne. La raison de leur lutte ? Ils exigent l’abrogation des décrets législatifs favorisant le Traité de libre commerce (TLC) signé entre le Pérou et les USA. Ce traité offre des pans entiers de l’Amazonie aux multinationales. Le mouvement indien dirigé par l’AIDESEP (Association interethnique pour le développement de l’Amazonie péruvienne) s’est mobilisé pendant 54 jours pour défendre les terres des communautés, la protection de la biodiversité de l’Amazonie, Bien Commun de l’humanité. Il a été fortement réprimé. Le solde : 33 gardes civiles et des indiens morts. Les responsables de ce massacre n’ont pas été traduits en justice. Bien au contraire, ce sont les victimes qui sont objets de persécution politique et judiciaire :

Caraïbes : appel à la mobilisation sociale en octobre

Pendant près d'une semaine, des organisations syndicales venues de Ste Lucie, de la Guyane, de la Martinique, et d’Haïti ont rencontré leurs homologues de Guadeloupe. Un appel à la mobilisation a été lancé pour le mois d'octobre. Les syndicats de la Caraïbe semblent vouloir former un véritable « Liyannaj ». C'est en tout cas ce que laisse penser l'organisation de rencontres internationales, intitulées «Conférence des syndicats anticolonialistes, anticapitalistes et anti-impérialistes des colonies de la France » (CSACF) qui ont lieu pendant une semaine en Guadeloupe. Suite à ces rencontres, le LKP, le C5F de Martinique et l'UTG de Guyane, devraient de manière coordonnée déclencher un important mouvement de protestation au mois d'octobre prochain, «face au non-respect des accords signés en mars, considérant que la situation sociale ne cesse d'empirer et touche particulièrement la jeunesse ».

Chili : Nouvelle grève de la faim des Mapuche

Nous, prisonniers politiques mapuche actuellement en prison à El Manzano (Concepción), informons le peuple nation mapuche et l’opinion nationale et internationale qu’à partir d’aujourd’hui lundi 12 juillet 2010 nous commençons une grève de la faim liquide indéfinie. Cette décision drastique et extrême résulte d’une série de situations que nous avons dénoncées face aux procès politico-judiciaires injustes que nous subissons et qui violent tous les droits qui nous sont dus en tant que MAPUCHE et prisonniers politiques. En bref, nous avons dénoncé les montages médiatiques dont nous sommes l’objet de la part du Ministère Public représenté par des procureurs antimapuche et des groupes de policiers corrompus qui prétendent nous imposer les lois de la dictature et des méthodes fascistes.

La coopérative mexicaine des « Contis »...

Jésus Torres Nuno est secrétaire du Syndicat national révolutionnaire des travailleurs d’Euzkadi (SNRTE), une entreprise de pneus au Mexique, anciennement filiale de Continental. Après une longue grève, ils ont pu reprendre l’usine en coopérative en partenariat avec une entreprise de distribution de pneus.

Quelle est l’histoire de cette usine?
En rachetant l’usine, en 1998, Continental a tenté d’imposer des nouvelles conditions de travail impliquant une augmentation de la production de 35%, l’imposition de la journée continue, la fin du repos dominical inscrit dans le contrat de travail, une diminution des effectifs et un nouveau règlement intérieur. Face à notre refus, ils ont annoncé, le 16 décembre 2001, la fermeture de l’usine, avec l’objectif assumé de détruire notre syndicat. Dès cette annonce, nous avons présenté un plan de lutte à l’assemblée générale, qui prévoyait d’empêcher la sortie des machines ou de n’importe quel produit présent dans l’usine. La grève a duré trois ans, un mois et dix jours, le gouvernement mexicain refusant de reconnaître légalement notre grève pendant deux ans. Nous avons cherché différentes solutions alternatives à la direction, dont la nationalisation de l’entreprise, mais Continental n’a jamais voulu. Nous avons obtenu la récupération de la moitié de l’usine sous forme de coopérative (Tradoc), une aide technique pendant neuf mois pour réussir le démarrage, l’achat de 500000 pneus par an par Continental et la vente de matières premières à prix préférentiels, plus 225 millions de pesos de la part de Continental. L’autre moitié de l’usine a été acquise par Llanti Systems, un distributeur de pneus.

Sur le meurtre de Betty et Yiry

PAR LEUR VOIX PARLAIENT MAGON ET ZAPATA

Nous marchons, disait Betty Cariño dans une déclaration peu avant sa mort, les pieds sur terre, la tête haute, avec dignité, la tête froide et le cœur brûlant. Son cœur, comme celui du jeune finlandais Yiry Jaakkola, a cessé de battre, victime des sicaires paramilitaires du PRI responsables des exactions contre la commune autonome de San Juan Copala, le village des indigènes triqui rebelles qu’ils veulent couper du monde, et de l’attaque armée de la caravane de solidarité prise en embuscade.

Les nôtres : Luis Vitale, les combats d’un historien révolutionnaire latino-américain

Luis Vitale nous a quitté le 27 juin 2010 et avec lui c’est un pan entier de l’histoire du mouvement ouvrier chilien (et latino-américain) qui semblent s’en aller aux côtés de figures telles que Clotario Blest. La présence militante lors de ses funérailles à Santiago, tout comme au moment de la cérémonie autour de ses cendres dans la ville minière de Lota (dans le sud du pays) montrent qu’il est resté fidèle à ses engagements et à une pensée marxiste exigeante tout au long sa vie. Les siens, jusqu’à son dernier souffle, auront toujours été celles et ceux « d’en bas », les travailleurs, les opprimés, le peuple mobilisé contre toutes les formes d’exploitation ou de domination.

LECTURE : Forrest Hylton ; Sinclair Thomson

Horizons révolutionnaires, histoire et actualité politiques de la Bolivie

 « Nous nous proposons de procéder à une excavation de la révolution andine, dont les couches successives de sédimentation historique forment le sous-sol, le terreau, le paysage et les points de vue de la lutte politique actuelle en Bolivie », tel est l’objectif affiché par les deux auteurs de cet ouvrage, objectif largement atteint par ailleurs. Cette récente traduction de l’anglais (Etats-Unis) d’une édition de 2007 est donc une bonne nouvelle pour les lecteurs et militants francophones qui s’intéressent à la Bolivie contemporaine, pays le plus appauvri d’Amérique du sud, marqué par plus de deux siècles d’insurrections et de luttes populaires. Car tel est le grand apport de ce livre : mettre en perspective et analyser les racines de la Bolivie d’Evo Morales grâce à une vision ancrée dans un temps long, qui part du XVIII siècle jusqu’à nos jours.

jeudi 29 juillet 2010

Tremblement de terre politique et retour des Chicago boys au Chili

par Franck Gaudichaud

(Article aussi disponible en espagnol (Revista Viento Sur : http://www.vientosur.info/articulosabiertos/VS110_Chile_Gaudichaud.pdf)
 --------------
Une défaite qui vient de loin
Jeudi 11 mars, le milliardaire Sebastian Piñera a succédé officiellement à la présidente socialiste Michelle Bachelet. Elu chef de l'Etat, en janvier, le leader de Rénovation nationale (RN) conquiert la première magistrature au nom de la coalition « Alliance pour le Changement » (qui regroupe néolibéraux et ultraconservateurs). Ainsi que nous le rappelions au moment de l’élection, c’est un tournant historique et politique : le dernier président de droite élu était Jorge Alessandri, en… 1958. Se référant à la transition démocratique qui mit fin à la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1989), certains analystes n’hésitent pas à parler d’une « deuxième transition ». Après dix-sept ans d’un terrorisme d’Etat contre-révolutionnaire qui mit fin à l’expérience de l’Unité populaire de Salvador Allende, et à deux décennies d’une démocratie sous tutelle issue d’une « transition pactée », conduite par la Concertation des partis pour la démocratie — coalition entre le Parti socialiste (PS) et de le Parti démocrate chrétien (DC) —, le peuple chilien connaîtrait désormais les joies de l’alternance…[i]. Face au terne ex-président Eduardo Frei (DC), le médiatique Piñera -« Berlusconi chilien » avec bronzage permanent et dents éclatantes- a promis monts et merveilles à grands coups d’ingénierie marketing et télévisuelle : croissance soutenue de 6% destinée à faire oublier la crise capitaliste mondialisée, création d’un million d’emplois, combat de la pauvreté et surtout, accompagné d’un discours sécuritaire bien aiguisé, fin de la délinquance (du moins celles des classes populaires car les cols blancs ne seront sûrement pas inquiétés…).

samedi 19 juin 2010

Interview : « Plínio », candidat du PSOL aux présidentielles brésiliennes de 2010.

Plínio de Arruda Sampaio ou «Plínio» est une figure historique de la gauche brésilienne. A partir de 1962, il participe au gouvernement de João Goulart pour mettre en place le projet de réforme agraire. Après le coup d’état militaire de 1964, il fait partie des 100 premiers brésiliens privés de leurs droits civiques, et s’exile au Chili. Il revient au Brésil en 1976 pour participer au mouvement pour la démocratie, et devient l’un des fondateurs du PT en 1980. A la chute de la dictature, il est élu député constituant, et fait inscrire la réforme agraire dans l’article 184 de la constitution brésilienne, utilisé par le Mouvement des Sans Terre (MST) dans la lutte pour les expropriations de terres. En 2005, il quitte le PT en déclarant que les programmes du PT et du PSDB (libéraux) sont semblables. Il défend désormais les courants révolutionnaires dans le PSOL. Suite à la décision d’Héloïsa Helena, candidate en 2006 (6,85% et 6, 5 millions de votes), de tenter sa réélection comme sénatrice, Plinio est désigné candidat aux élections présidentielles d’octobre 2010 pour le PSOL.
Photo-Plinio-occupation-e1276789978925.jpg

Plínio de Arruda Sampaio en compagnie d’une dirigeante du Mouvement des Sans Terre (MST) en visite sur une occupation urbaine de 1.500 familles dans la ville de Fortaleza – Etat du Céara – 4ème ville du Brésil. Crédit Photo : Flora Bajard
Plínio mènera donc la campagne face à Dilma Roussef (PT – Parti des Travailleurs), défendant la continuité avec le gouvernement Lula, à José Serra (PSDB – Parti social Démocrate Brésilien) représentant le front libéral et à Marina Silva (Parti Vert) soutenue par les secteurs de l’éco-capitalisme (son candidat à la vice présidence, Guilherme Leal, est PDG de la multinationale NATURA, il est classé 463ème fortune mondiale par le magazine Forbes).

mardi 15 juin 2010

Haïti : « Non au néocolonialisme »

Entretien avec Jean Pierre Ricot, membre de la PAPDA

En décembre 2009, le gouvernement haïtien a signé les accords de partenariat économique (APE) avecl’Union européenne. Qu’en pensez-vous ?

D’abord, il faut voir d’une façon globale ce que cela veut dire pour Haïti, mais aussi pour les autres pays signataires. C’est le mécanisme de libre échange entre l’Union européenne (UE) et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). C’est un mécanisme prévu par les accords de Cotonou, signés en juin 2000 au Bénin, et qui régit toutes les relations et toute la coopération entre l’UE et les 78 pays ACP. Depuis 2002, l’UE a lancé tout un ensemble de négociations pour la mise en place de ces APE. Le but est d’assurer la libéralisation des rapports commerciaux. Plusieurs phases ont ponctué ces négociations. La première phase concernait les négociations globales entre l’UE et les pays ACP. Puis s’en est suivie une phase de négociations régionales : pays de la CARICOM, pays de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique de l’Est... Elles n’ont pas abouti aux résultats escomptés dans la mesure où ces dernières n’avaient que des visées commerciales et elles ne prenaient pas en compte les réalités et les besoins des « partenaires » de l’UE.

De nouveaux défis pour la théologie de la libération

Par François Houtart
La théologie de la libération est une véritable théologie, c’est-à-dire un discours sur Dieu. Elle s’affirme cependant contextuelle, à l’encontre d’une théologie a-historique qui se prétend hors du temps. Ce que l’on pourrait appeler une théologie sur la Lune… Toute théologie est toujours contextuelle. Parce qu’elle est théologie, elle est composée de nombreux chapitres : une ecclésiologie, une christologie, une théologie sacramentaire et liturgique, une théologie morale et une doctrine sociale. Pour la théologie de la libération, le contexte est explicité : c’est celui de la réalité des pauvres et des opprimés, de leurs luttes et de leur vie de foi au sein de ces réalités.

Chili : Tsunami social et politique aussi…

En même temps que le triomphe du candidat Piñera – héritier indirect du Pinochetisme- a mis fin à la période de la soi-disant transition vers la démocratie commencée 20 ans plus tôt ; le tremblement de terre et le ras de marée du 27 février dernier ont mis fin à l’image d’un Chili promoteur d’un bien-être économique et social proche des pays riches européens. Illusions fabriquées par les mass média et le gouvernement de la Concertation.

Assassinat de Silvia Suppo. Non à l’impunité d’hier et d’aujourd’hui !

Le discours triomphaliste des Kirchner sur les droits de l’homme est mis en pièces : Silvia Suppo, témoin dans un procès contre le juge Brusa condamné pour crimes contre l’humanité a été tuée de 12 coups de couteau. A 17 ans, elle était élève infirmière et militante montonero. Elle a été enlevée, torturée et violée dans le commissariat Cuarta de Santa Fe et dans le centre clandestin de détention connu sous le nom de La Casita, près de Santo Tomé.

Argentine/Brésil. Transformations du travail et recompositions syndicales

Par Pierre Grenet

Ces dernières années, l’Amérique Latine a su faire émerger de nouvelles pratiques collectives dans le cadre de luttes exemplaires contre les aménagements du capitalisme. En Argentine et dans une certaine mesure au Brésil, s’est développé un mouvement ouvrier (syndical) et populaire (paysan, étudiant, chômeur-piquetero, de quartier) INDEPENDANT de l’Etat avec des revendications immédiates et anticapitalistes. 

Vingt mille personnes ont participé à la Conférence mondiale en Bolivie (Cochabamba)

En défense de la nature et des droits humains...
Le NPA a apporté son soutien à la «Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la ‘Terre-Mère’» qui s’est tenue à Cochabamba du 19 au 22 avril 2010, motivé notamment par les considérations suivantes :

1. A Copenhague en décembre, le NPA a constaté que la délégation de la Bolivie a été à peu près la seule qui a noué dès le premier jour de la conférence des liens avec les mouvements sociaux. Cette délégation a été l’une des seules à participer à la fois au forum alternatif Klimaforum et à la conférence de l’ONU. Elle a contribué avec les mouvements sociaux et les milliers de jeunes venus à Copenhague à l’organisation et au succès de la manifestation de Reclaim Power et à la popularisation du mot d’ordre unificateur «System change, not climate change!», «Changeons le Système ! Pas le Climat !».

Peuples originaires : Des liens à tisser, des propositions à construire

Par Béatrice Whitaker

Les crises successives qui traversent le système capitaliste atteignant toute une civilisation, imposent la nécessité de créer un nouveau modèle de société adapté aux peuples de la planète. Depuis quelques années, les problèmes posés par le réchauffement climatique ont anticipé la nécessité de réponses aux conséquences dramatiques, liées à la réalité de la société capitaliste, non seulement sur l'organisation et les conditions du travail, sur le mode de production, mais aussi sur la santé des humains et sur les ressources naturelles de la planète, avec un impact désastreux sur la biodiversité.

Autogestion, hier, aujourd’hui, demain

Sortie du livre : Autogestion, hier, aujourd’hui, demain
Editions syllepse

"On produit, on vend, on se paie", ce mot d’ordre des ouvrier-es de l’usine Lip en autogestion, les auteurs de ce livre le font leur. A l’heure où la gauche est en crise d’alternative, tant l’élaboration de perspectives d’émancipation que dans le présent résistant, l’autogestion apparaît comme l’ouverture d’un autre possible. Qui refuse et la caricature du socialisme de caserne d’État et le capitalisme de la marchandise et de l’aliénation. L’autogestion est une fenêtre sur l’avenir. S’inscrivant dans la longue tradition historique des coopératives et de la Commune de Paris, l’autogestion surgit comme une réponse immédiate et pratique à la faillite de directions d’entreprise, voire plus largement à celle de l’État lorsque celui-ci abandonne les citoyens.

dimanche 9 mai 2010

En route vers le sommet des peuples à Madrid !

Ana Maria Duarte, Franck Gaudichaud, Flavia Verri

C’est dans le cadre de la campagne « Enlazando Alternativas» (« relions entre elles des alternatives ») que se tiendra le 4e Sommet des peuples du 14 au 18 mai 2010 à Madrid, pour y dénoncer la politique impérialiste de l’Union européenne, pour tisser des liens et construire des alternatives entre les mouvements sociaux européens et les résistances latino-américaines.

Premier mai gigantesque au Honduras

Gigantesca marcha en Honduras el 1º de Mayo en respuesta a política de terror y miseria from Dick & Mirian Emanuelsson on Vimeo.

samedi 8 mai 2010

Photos de la conférence «après Copenhague, Cochabamba»




Ecouter la conférence : UCJS31_cochabamba.mp3

samedi 3 avril 2010

Déclaration du NPA sur la Conférence de Cochabamba

cocha.jpgLe NPA apporte son soutien à la «Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la ‘Terre-Mère’» qui se tiendra à Cochabamba du 19 au 22 avril 2010. Ce soutien est motivé notamment par les considérations suivantes :

1. A Copenhague en décembre, le NPA a constaté que la délégation de la Bolivie a été à peu près la seule qui a noué dès le premier jour de la conférence des liens avec les mouvements sociaux. Cette délégation a été l’une des seules à participer à la fois au forum alternatif Klimaforum

mercredi 31 mars 2010

En route vers Madrid au sommet des peuples !

Contre les nouvelles conquêtes coloniales des Européens !


cctp.jpgLes 17 et 18 mai, se tiendra à Madrid la septième édition du sommet des chefs d’États de l’Union européenne (UE) et d’Amérique latine/Caraïbe (ALC), avec au menu une véritable politique de re-colonisation économique et militaire et la volonté d’entériner des traités de libre commerce avec l’Amérique centrale, la Colombie et le Pérou. Fondement des politiques européennes centrées sur la concurrence et le démantèlement de l’État par les privatisations, la stratégie de Lisbonne vise à gonfler les carnets de commandes des transnationales et à approfondir les politiques capitalistes au détriment de la souveraineté des peuples.

samedi 6 mars 2010

Haïti : quelles perspectives après la catastrophe ?

Le 12 Janvier 2010 un séisme d’une rare violence a frappé notre pays avec des conséquences dramatiques sur les populations de plusieurs communes des Départements de l’Ouest, du Sud-est et sur l’ensemble du pays. Ce tremblement de terre d’une magnitude de 7.3 sur l’échelle de Richter et son cortège de pertes irréparables ont endeuillé notre pays tout en créant des douleurs insoutenables. Ce drame qui nous affecte aujourd’hui est sans aucun doute l’un des plus graves de toute notre histoire et cause un profond traumatisme qui marquera le 21ème siècle haïtien. Les bilans partiels communiqués jusqu’ici tentent passablement d’exprimer une réalité effroyable et indicible, c’est-à-dire l’horreur que nous avons vécu ensemble durant ces interminables 35 secondes. Plus de 150.000 morts, 500.000 blessés, plus d’un million de sans abris, des dizaines de milliers d’amputés, plus de 300.000 personnes réfugiées en province, plus de 3 millions de sinistrés dévastés qui, en une minute, ont vu se transformer à jamais leurs vies, leurs familles et leurs sociétés.

Honduras. Du coup d'État aux élections frauduleuses

Comme nous l’avons signalé antérieurement, en raison de l'isolement international et de la résistance populaire, les putschistes honduriens ont trouvé dans les élections de novembre dernier une alternative pour surmonter la crise et une manière d’empêcher le retour au pouvoir du président déchu Manuel Zelaya. En ce sens, les secteurs conservateurs et réactionnaires du pays ont découvert en Porfirio Lobo Sosa, le candidat idéal : un propriétaire terrien et entrepreneur de la région d'Olancho2, membre du Parti National -pour lequel il a été trois fois député- et surtout, un dirigeant qui a appuyé le coup d'État contre Zelaya et soutenu les actions de Roberto Michelleti.

La lutte contre les milicias en défense des droits humains au Brésil


Entretien avec Marcelo Freixo, député du PSOL de l’État de Rio de Janeiro, président de la commission parlementaire d’enquête sur les activités des milicias dans les favelas de Rio et avec Vinicius Jorge, commissaire de police et membre de la même commission.

Votre lutte est centrée contre les milicias. Que sont-elles exactement et depuis quand possèdent-elles autant de pouvoir dans les quartiers défavorisés à Rio de Janeiro?

Marcelo Freixo : Les milicias sont essentiellement des structures maffieuses constituées de groupes de policiers en activité, mêlant des agents de la police civile, de la police militaire, du corps des pompiers et des agents pénitentiaires. Ces groupes dominent en particulier les quartiers les plus pauvres et ceux à la périphérie du centre ville - plus de 200 sont aujourd’hui aujourd'hui sous leur contrôle à Rio. Les milicias existent depuis 2001 principalement dans l'Etat de Rio de Janeiro. Mais si rien n'est fait, elles pourraient s'étendre rapidement à tout le Brésil, car leur existence répond à des caractéristiques qui sont propres à tout le Brésil: la corruption politique et policière, une très grande fragilité du processus politique et démocratique.

Elles ont la main mise sur différentes activités économiques dans ces quartiers qui vont du contrôle du service public à la taxation directe des habitants et des commerces au prétexte de garantir la sécurité, amassant ainsi un profit impressionnant. Par exemple, à la suite d'une enquête que nous avons menée, nous avons constaté que l'un de ces groupes est arrivé à récolter jusqu’à 1,5 millions d'euros par mois dans un seul quartier de Rio.

Comment ce phénomène a-t-il pu surgir ?

Vinicius Jorge : Il est le résultat d'un rapport particulier entre la police, l'Etat et la société. Ces policiers, pompiers, etc. qui sont aujourd'hui devenus des milicianos, il y a une dizaine d'années, étaient déjà extrêmement violents et corrompus. Ils étaient pour ainsi dire les employés des hommes politiques qui contrôlaient alors ces secteurs. Ils levaient des fonds parallèles pour les campagnes électorales et assuraient le contrôle coercitif de cette manne électorale. Pour réaliser ces missions, ils volaient, tuaient et étaient tués, etc. Puis, ils se sont dits que s’ils étaient capables de faire tout cela pour assurer à un homme politique le contrôle sur un territoire, ils pouvaient le faire pour leur propre compte. Plus tard, ils ont réalisé qu’ils pouvaient également devenir des candidats politiques et c'est ainsi qu'ils sont entrés au Parlement à partir de 2004. On compte aujourd'hui parmi des veroadors, des députés, des préfets et des sénateurs. Pire encore, durant une bonne partie de cette période, de 2003 à 2007, à Rio tout cela se faisait au grand jour et les secteurs dominants, la classe moyenne, la presse et même certains secteurs plus populaires disculpaient ces milicias, en disant qu'elles étaient un mal mineur par rapport au trafic de drogues.

MF : Il existe ainsi un discours construit, moral, de l'ordre où il n’est fait aucune différence entre le discours du policier et celui du miliciano. Comme il est un policier, il jouit de reconnaissance au sein de la société. Cela explique que la classe politique tente de légitimer plutôt que d'affronter ces milicias. D’ailleurs, les secteurs qui forment et contrôlent l'opinion publique ont aidé considérablement à les asseoir dans ces zones. L'ancien maire de la ville de Rio de Janeiro, par exemple, a publiquement déclaré les milicias comme un instrument légitime « d'autodéfense des communautés ».

Vous êtes engagés dans une Commission d’Enquête Parlementaire depuis 2008 pour lutter contre ces milicias. En quoi consiste exactement le travail au sein de cette commission?


MF : Notre travail consiste surtout à montrer et dénoncer le fonctionnement des milicias, le nombre de morts qu’elles provoquent et l’étendue de leur pouvoir illicite. Comme leur violence est blanchie par l’Etat, il s’agit un phénomène très pervers, car ce n’est pas seulement la violence armée mais aussi l’infiltration dans la vie politique qui enracinent ces mafias. Alors, le travail de la commission est précisément de lutter contre cette corruption. Aujourd'hui, le contexte devient favorable car il y a une volonté généralisée d'affronter les milices. Un certain nombre de leurs leaders ont été emprisonnés, mais leurs bras économiques n'ont pas été coupés et donc leurs capacités de croissance politique dans le système de représentation politique directe non plus.

VJ : Pour cela, il est fondamental de s'attaquer aux activités économiques exploitées par les milicias et de détruire leurs appuis politiques. Dans cette optique, nous avons fixé différents objectifs : 58 propositions qui exigent de l’Etat de reprendre ses obligations. En réalité nous n'inventons rien, nous exigeons qu’il fasse ce qu’il devrait faire.

MF : Il faut donc une décision politique de l'Etat et pour cela un regard international est nécessaire, car la mafia n'existe pas seulement à Rio ou au Brésil. Il faut que cela concerne également la Communauté Européenne, car ici les droits de l'homme et la démocratie sont en danger. Aujourd'hui ces mafias sont à Rio, mais elles commencent à se développer dans l’ensemble du pays et demain des connexions avec les mafias européennes seront établies…

Vous êtes menacés de mort à cause de vos activités contre les milicias. Comment avez-vous pris la décision d’entamer cette lutte vu les risques que cela implique ?


MF : Tout cela n’est pas naturel. Ce n'est pas naturel d'être confrontés à cette mafia, d'avoir une police violente, corrompue qui tue 3 personnes par jour, d'avoir un nombre absurde d'homicides (50 000 homicides par an), pourtant tout cela peut être vécu comme normal ! Or, si nous sommes au Parlement, c'est pour affronter tout cela, ou alors mieux vaut ne pas y être. Nous pourrions chercher une autre voie, mais si nous avons choisi la lutte politique c’est pour nous attaquer à ce qui atteint le plus la population. Nous n'avons pas le moindre droit de nous poser la question s’il faut ou non affronter la mafia. C'est donc notre obligation, même s'il y a des risques. Travailler pour garantir les droits de l'homme à Rio, être un policier honnête qui n'est pas impliqué dans la corruption, cela est toujours risqué.

VJ : Nous savions exactement où nous mettions les pieds, alors des menaces de mort étaient absolument prévisibles. Nous embarquer dans cette lutte était pourtant nécessaire, car c’est bien notre obligation: je suis policier, Marcelo député, et la population se fait tuer. On nous dit souvent que cela est très courageux de notre part. Mais ce n’est pas le cas, car je crois que c’est sûrement la peur qui nous pousse dans cet engagement : la peur de ce qui peut arriver à l’avenir si l’on laisse ces mafias de développer.

Propos recueillis par Bettina Ghio et Naima Di Piero / entretien à lire en version longue sur www.contretemps.eu

Au delà du Forum Social Mondial, la cinquième internationale ?

Extrait d’une conversation avec le journal brésilien Brasil de Fato, d’Eric Toussaint, président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) en Belgique.

Votre navigateur ne gère peut-être pas l'affichage de cette image.Comment évaluez-vous les deux visions différentes exposées lors du débat d’ouverture du Forum Social Mondial (FSM), c’est-à-dire, celle qui, d’un côté, propose l’utilisation du Forum comme plate-forme politique et celle qui, d’un autre côté, défend que l’événement garde sa forme originelle d’espace d’échange d’idées ?

Eric Toussaint – Nous avons besoin d’un instrument international pour déterminer des priorités en termes de revendications et d’objectifs à atteindre, un calendrier commun d’actions, un élément de stratégie commune. Si le Forum ne le permet pas, il faut construire un autre instrument, sans pour autant éliminer ou quitter le Forum. Je pense qu’il a sa raison d’être. Mais puisqu’un secteur du FSM ne veut pas que celui-ci se transforme en instrument de mobilisation, il vaut mieux construire un autre instrument avec les organisations et les individus qui sont convaincus que c’est ce dont nous avons besoin. Cela n’empêcherait pas de continuer à intervenir activement dans le Forum. Je dis cela pour éviter une scission, un débat sans fin qui paralyse plus qu’il n’aide. C’est clair qu’il y a un secteur qui préfère maintenir le Forum Social Mondial comme un lieu de discussion, de débat, et ne souhaite pas sa transformation en un instrument pour l’action.

Suite de l’entretien sur : www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=5326#nb12

Argentine : Révoltes populaires et productions collectives à General Mosconi

General Mosconi, est située à 1800 kilomètres de Buenos Aires, au Nord de la Province de Salta, près de la frontière bolivienne. La région est la première productrice de Gaz et de pétrole de la Province de Salta et la deuxième d’Argentine. Cette ville de 20.000 habitants est au cœur des luttes des chômeurs (piqueteros) (5.000 sur les 8.000 travailleurs de la ville) depuis la privatisation d’YPF en 1992 au profit du groupe espagnol Repsol. Le Maire élu aux dernières élections avec un très fort taux d’abstention et de fortes suspicions de fraude électorale est membre du parti rénovateur, proche des militaires. Malgré un budget municipal largement alimenté par les entreprises pétrolières, 75 % des logements ne sont pas connectés au gaz naturel et 50 % n’ont ni fosse septique, ni raccordement au tout à l’égout. Des maladies mortelles comme la fièvre typhoïde, les cancers des appareils digestifs et les malformations congénitales se sont beaucoup développés depuis la privatisation d’YPF. La drogue et l’alcoolisme sont très présents. Le Maire a fait des appels à la population pour qu’elle engage des affrontements avec les piqueteros sur les barrages routiers, alors qu’aucune décision de justice ordonnant une expulsion n’avait été prise.

Quand les travailleurs licenciés d’YPF sont arrivés en fin de droit en 1996, la situation sociale et politique s’est très vite dégradée, la reconversion des travailleurs en commerçants ou en petits fournisseurs de services aux compagnies pétrolières a échoué. En 1997, les affrontements entre les habitants et la gendarmerie ont opposé plusieurs milliers de protagonistes de chaque côté. Ces évènements ont été qualifiés de « pueblada », révolte populaire massive. La résistance victorieuse a permis d’arracher des allocations pour les chômeurs et de mettre fin aux coupures d’électricité pour non payement des factures.

En avril 1996, l’Unión de los Trabajadores Desocupados (UTD) General Mosconi, a été créée. Sa première action a été l’occupation du Conseil municipal pendant 23 jours. Elle a obtenu les premiers Plans d’allocations mensuelles pour les chômeurs en fin de droit et des sacs de nourriture.

Après le second grand barrage de route, en décembre 1999, l’UTD General Mosconi a reçu les premières allocations administrées directement par l’organisation sans passer par la tutelle de la Municipalité qui distribuait les aides dans une logique de clientélisme. Ils refusent l’institutionnalisation de leur mouvement, la gestion des productions en coopératives, les assemblées générales consommatrices de temps et génératrices de conflits. Ils s’appuient sur une fondation qui reçoit les financements correspondant aux allocations de l’état pour leurs membres et aux facturations de leurs productions. Pour certains projets comme les constructions de pavillons, les travaux sont gérés par 20 coopératives regroupant 320 travailleurs. Face à la défaillance des politiques publiques et dans le contexte très hostile des autorités locales corrompues et réactionnaires avec des relents colonialistes et nostalgiques des dictatures militaires, le mouvement est multiforme : à la fois syndicat, comité de lutte, municipalité alternative, ONG, centre social, bâtisseur, structure de travaux publics, producteur, agriculteur. En 2000 les écoles de la ville ont été refaites pendant les vacances d’été. Le Centre Communautaire d’éducation technologique Universitaire pour le développement durable a été créé et appelé JU.VE.GO.SA.BA. pour les cinq tués par la répression à General Mosconi: Justiniano, Verón, Goméz, Santillán, Barrios.

Votre navigateur ne gère peut-être pas l'affichage de cette image.

Les autres réalisations de l’UTD :

- Construction d’un quartier de 160 pavillons sur des terres concédées par le gouvernement suite aux luttes

- Construction de canaux

- Construction de routes avec des normes de qualité et à des coûts inférieurs à celui des entreprises contractualisées habituellement par la Municipalité en dehors de toute transparence

- Ramassage des fûts après l’abattage des arbres centenaires dans le cadre du déboisement des terres destinées à la culture du soja transgénique, avec un camion arraché aux entreprises pétrolières suite à des blocages de routes.

- Fabrication de meubles, portes et fenêtres en bois dur venant du ramassage avec des machines outils « récupérées »

- Atelier de mécanique, soudure et métallurgie pour la construction de charpentes métalliques. Aussi centre de formation pour les jeunes, dont certains sont toxicomanes

- Pépinière de centaines de plants d’arbres autochtones pour le reboisement installée dans des tours pétrolières métalliques couchées à l’horizontal

- Maraîchers communautaires, vergers avec Goyaves, papayes, mangues et élevages de porcs

- Atelier de couture avec une vingtaine de machines à coudre

- Récupération de bouteilles plastiques et compression pour recyclage avec une machine arrachée à une entreprise pétrolière

Dans la région, la population indigène est majoritairement Wichi et vit dans des conditions très difficiles. Elle est régulièrement chassée de ses terres par l’extension des monocultures. L’UTD a établi des liens de coopération avec ces communautés en se fournissant chez eux en briques pour les constructions. A leur demande, l’UTD a construit une dizaine de logements avec des charpentes métalliques et un système de récupération des eaux de pluie. La combativité, l’énergie, la mobilisation et les résultats de l’UTD sont impressionnants. Mais elle est menacée par le harcèlement des autorités locales et par le refus d’octroyer des commandes de travaux pour favoriser les entreprises « amies ». Elle participe aux rencontres nationales des entreprises récupérées mais les tentatives de coopération pour écouler leurs productions de portes et fenêtres avec les autres entreprises du bâtiment n’ont pas encore abouti. Leur refus de la participation des partis politiques dans leur fonctionnement a distendu les rapports avec la gauche radicale. L’UTD ne fait plus une priorité, comme d’autres mouvements piqueteros non proches du gouvernement, de la lutte pour l’obtention des allocations « plan Trabajar » distribuées par le gouvernement pour favoriser le développement des structures de production par les chômeurs. L’UTD considère avoir passé une étape dans l’organisation des productions collectives. Sa priorité s’est centrée autour de l’attribution des travaux de marché public et sur la reconnaissance de ses activités par les autorités locales.

Pierre Grenet

Bolivie : Evo Morales annonce un Sommet Climatique Alternatif pour avril 2010

La défense de la vie, de l’humanité et des droits de la Terre-mère ne sera possible qu’avec le changement de la politique mondiale afin d’empêcher que le réchauffement globale menace la survie sur la planète, a déclaré en décembre dernier le président Evo Morales Ayma. Dans une conférence de presse au le Palais du Gouvernement, le Chef d’État a dit qu’avec cet objectif la Bolivie doit “prendre l’initiative de convoquer un Sommet Mondial des Peuples sur le Changement climatique pour la défense de l’humanité, de la vie et de la planète” pour qu’il ai lieu en avril prochain. Il a noté sa conviction que l’échec du conclave présidentiel de Copenhague, est dû au fait que les nations industrialisées ont seulement choisi d’analyser les effets du changement climatique et non pas les causes. “Les causes du réchauffement global de la planète vient de l’industrialisation illimitée et déraisonnable promu par les grandes puissances qui ont contaminé l’atmosphère et mettent en danger la vie des êtres vivants, et pas seulement des humains”, a-t-il souligné.

Il a regretté que certains des présidents de ces nations “préfèrent opter pour l’argent et les gains et non pour la défense de la vie”. “Il est nécessaire que les gouvernants choisissent de contribuer à la vie pour sauver l’humanité et non pour la tuer”, a-t-il remarqué. Le Chef d’État bolivien a rejeté de manière ferme le fait que la Bolivie, le Venezuela et la Chine aient été les responsables de l’échec du Sommet de Copenhague. Il a fait remarqué qu’au contraire, leurs représentants ont défendu la nécessité que les nations changent de posture pour défendre la Terre-mère. “Il faut que le monde et ses représentants aient une vision claire pour identifier les vrais dangers qui menacent le survie sur la planète et pour adopter des mesures contre la contamination environnementale et le changement climatique”, a-t-il ajouté. Morales a dit que les pays industrialisés considèrent, par exemple, qu’il est encore possible d’avoir une élévation de la température globale de deux degrés centigrades sans avoir de conséquences mesurables.

Il a indiqué qu’actuellement nous sommes à 0,7 degrés centigrades au dessus de la normale et l’ont constate déjà des problèmes et des catastrophes qui questionnent la survie sur la planète, comme la fonte des glaciers et d’autres phénomènes climatiques. “Une élévation de la température mondiale de deux degrés centigrades serait une menace pour la survie du monde, à tel point que les eaux des océans monterons jusqu’à provoquer la disparition d’îles où vivent des êtres humains”, a-t-il souligné. Le Président bolivien a expliqué qu’au Sommet Mondial des Peuples sur le Changement climatique qui aura lieu en Bolivie, ce ne seront pas les présidents des pays intéressés et préoccupés de cela qui seront invités, mais des experts, des académiciens et des représentants des organisations sociales. “L’objectif est d’obtenir une position de consensus pour la soumettre au prochain Sommet sur le Changement climatique qui se déroulera en décembre 2010 au Mexique”, a dit le Chef d’État. Il a dit qu’il est grand temps que les nations industrialisées se convainquent de l’importance de la Terre-mère pour la vie des humains. “Les Droits de la Terre-mère sont plus importants que nos propres Droits de l’homme”, a-t-il dit, après avoir fait remarquer que la Terre peut vivre sans l’homme, mais pas le contraire. Il a mis l’accent sur la décision de l’ONU d’approuver la Résolution qui promeut l’harmonie avec la nature, ce qu’il a qualifié comme un pas important pour que la communauté internationale approuve finalement la “Déclaration Universelle des Droits de la Terre-mère”.

Il a souligné qu’un premier pas a été fait avec la Déclaration Internationale les Droits des Peuples Indigènes, qui sont les principales vigies des ressources naturelles qui permettent à l’humanité de vivre. Morales a précisé qu’au Sommet Mondial des Peuples seront définis les propositions qui seront présentée en décembre prochain au Mexique avec l’intention de provoquer un changement dans les politiques actuelles qui, loin de résoudre le problème du changement climatique, laissent la situation empirer et placent le monde au bord de l’abîme.

Adalid Cabrera Lemuz - Source: Servindi / Traduction: www.primitivi.org

Laissons le pétrole sous terre !

Appel national en faveur de l’Initiative Yasuni-ITT - Équateur

Nous, citoyens, militants pour l’environnement, collectifs et organisations écologistes, associations, partis politiques et syndicats, dénonçons l’échec du Sommet de Copenhague et appelons le gouvernement français et l’Union européenne à soutenir l’initiative Yasuni-ITT en Equateur. Le projet ITT (sigle venant du nom des trois forages d’exploration qui se trouvent dans la zone : Ishpingo-Tambococha-Tiputini), porté par des mouvements sociaux, est une des initiatives proposée par gouvernement équatorien afin de lutter contre le réchauffement climatique global. Il s’agit de ne pas exploiter quelque 850 millions de barils de pétrole situés dans le Parc Yasuní, une réserve naturelle qui contient une des plus importantes biodiversité dans le monde et qui est habitée par des communautés indigènes d’Amazonie, les Tagaeri, les Taromenane et les Oñamenane (qui font partie de la nationalité Waorani).

L’Équateur possède une économie basée principalement sur la rente du pétrole qui représente 22,2% du PIB, 63,1% des exportations et 46,6% du Budget Général de l’État, pour l’année 2008. Les réserves de l’ITT représentent environ 20% des réserves totales connues dans le pays. C’est donc une manne financière dont un pays aussi pauvre que l’Equateur ne peut se passer. Pourtant, la proposition du gouvernement équatorien est de ne pas exploiter ces réserves d’énergie fossile, alors que l’exploitation de ce pétrole lourd, pourrait rapporter à l’État entre 5 et 6 milliards de dollars (avec un prix d’environ 70 dollars le baril).

En échange, l’Équateur, partant du principe onusien de responsabilité commune mais différenciée pour les problèmes environnementaux globaux, demande à la communauté internationale une contribution à hauteur de 50% de la manne financière dont il pourrait disposer s’il exploitait ce pétrole. En effet, éviter les émissions d’environ 410 millions de tonnes de CO2, favoriser la conservation de la biodiversité en Amazonie, éviter la déforestation, respecter les droits des peuples indigènes qui habitent cette terre, apportent des bénéfices à l’humanité dans son ensemble. C’est un pas vers la reconnaissance du climat comme bien public mondial et de la dette écologique des pays les plus pollueurs.

L’échec du Sommet mondial de Copenhague qui devait aboutir à un accord contraignant sur la réduction des gaz à effet de serre, afin de prolonger le Protocole de Kyoto pour la période après 2012, nous conduit à mettre nos gouvernements devant leurs responsabilités, notamment pour qu’ils s’engagent à appuyer des initiatives existantes. Le projet ITT représente en effet une amorce de transition écologique pour aller vers un modèle alternatif de développement non productiviste et respectueux de la «Madre Tierra», de la nature, pour l’Equateur et le reste du monde.

Il ne s’agit plus de faire des discours d’intention sur les impacts du réchauffement global et du changement climatique. Le monde a besoin d’actions concrètes et de la mise en place de véritables politiques publiques en matière d’écologie, appuyées sur les mouvements sociaux et les peuples concernés. Le projet ITT, menacé aujourd’hui par l’absence d’engagements qui conforte ceux qui s’y opposent, est une des premières initiatives qui va dans ce sens-là ; il représente un exemple pour que l’économie post-pétrolière et la justice climatique deviennent réalité. Nous appelons le gouvernement français ainsi que l’Union européenne à suivre l’exemple de l’Allemagne (qui s’est engagée à financer ce projet à hauteur de 50 millions d’euros par an, pendant 13 ans) et à apporter leur contribution, financière afin que l’Initiative Yasuni-ITT puisse se réaliser. Nous appelons aussi le gouvernement équatorien à poursuivre son projet, en lien avec les mouvements sociaux qui le portent. Enfin, l’échec des négociations de Copenhague a montré qu’il était plus que jamais nécessaire que l’ensemble des mouvements sociaux et les sociétés se réapproprient le débat. C’est pourquoi nous nous engageons à nous mobiliser collectivement pour soutenir l'Initiative Yasuni-ITT et invitons les mouvements sociaux, les mouvements écologistes et plus globalement le mouvement altermondialiste à soutenir cet appel.

Premiers signataires : ATTAC France ; Association Anciela ; Association France Amérique latine ; Parti de Gauche ; Nouveau Parti Anticapitaliste

Plus d’informations :

http://www.yasuni-itt.gov.ec/
http://www.sosyasuni.org/fr/

Mineurs du Mexique en lutte

Le gouvernement mexicain tente d’en finir avec un conflit qui dure depuis juillet 2007 entre les mineurs de la mine historique de Cananea et leur patron du Groupe Minera México pour non respect des conventions collectives et absence de sécurité sur les installations. Adhérents du Syndicat national des travailleurs mineurs, métallurgistes, sidérurgistes et assimilés, ils viennent de subir la scandaleuse décision du Tribunal chargé des affaires du travail qui nie la légalité de cette grève, l’une des plus longues de l’histoire minière du pays. Les ouvriers se disent prêts à se défendre jusqu’au bout, et selon leurs déclarations, s’il le faut « au prix de leurs vies ».

Leurs luttes s’étendent sur le plan national avec désormais des mouvements de grèves dans d’autres mines de l’Etat de Sonora, Zacatecas, Taxco et Guerrero. Le patronat a même fait venir l’armée et la police fédérales dans la mine et, comme mesure de pression, a retiré l’accès aux services médicaux, le gaz et l’électricité aux grévistes et à leurs familles.

Le NPA se joint à l’appel des mineurs de Cananea et demande le retrait des forces armées et de la police sur lieu de travail des ouvriers, la restitution de leurs droits ainsi que les services de base, et le respect du droit de grève, selon l’article 123 de la Constitution mexicaine et le code du travail en vigueur.

Plus d’informations : ici

EDITO : “Copenhague : cet échec est le leur, pas le notre !”

L'échec attendu des “accords” gouvernementaux à Copenhague est à l´opposé du résultat des mobilisations: une grande convergence des militants politiques, du mouvement écologiste, des mouvements sociaux. Cependant, au milieu des rencontres officielles, Hugo Chavez et Evo Morales ont su rendre ce sommet plus intéressant et accompagné le climat de radicalité générale exprimée par les centaines de jeunes, syndicalistes, militants de différents pays. Le président vénézuélien, dans son discours, a accusé les pays riches d’être responsables de l’impasse actuelle par manque de volonté politique et d’un programme de baisse drastique des émissions de CO2. Inspiré par les panneaux du défilé haut en couleurs du samedi 12 décembre, il s’est exclamé : “Si le climat était une banque les gouvernements des pays riches l’auraient déjà sauvé”.

En ce qui concerne Morales, il s’est réuni avec les mouvements sociaux et a présenté sa proposition d’un référendum pour rétablir des nouveaux rapports entre les individus et la nature, pour mettre un frein au consumérisme capitaliste... La mobilisation des organisations associatives, syndicales et politiques venant des différents continents a été au-delà des espérances des Danois eux-mêmes. Non seulement par la participation massive (100000 personnes à la manifestation du 12), mais aussi par leur détermination à dénoncer le système capitaliste comme responsable du réchauffement climatique et la crise écologue mondiale. Le même état d´esprit animait les forums alternatifs éparpillés dans toute la ville. Les thèmes choisis, les discussions, des préoccupations militantes révélaient la radicalité des propos de chacun. Décidé à y participer activement, le NPA, avec une centaine de militants, était présent à la manifestation de façon très visible (banderoles, tracts et drapeaux) et suivis de mots d’ordre concernant l’anti-impérialisme, l’anticapitalisme, l’antiracisme, et pour la défense d’une autre société...

Le NPA a également participé au forum alternatif et l’une des grandes réussites a été le forum sur l´écosocialisme, animé par Michael Löwy, avec une camarade du Canada, un autre de l´Allemagne et le jeune Peter Nielsen du Danemark. Le thème a suscité un long débat dans une salle bondée avec la participation d’un public composé de syndicalistes, de féministes, de militants latino-américains, de militants anti-racistes. Le meeting du RGA (Alliance Rouge et Vert - Danemark) était lui aussi un succès avec plus de 200 personnes, cependant les élus suédois, portugais et grecs ont présenté les enjeux du sommet de façon décalée par rapport aux attentes d’un public qui ne se fatiguait pas d’exprimer sa détermination à se positionner en dehors des discours et stratégies institutionnels. Le NPA est intervenu et le sigle du parti à peine cité, la salle a salué notre présence par une ovation, ce qui a révélé la popularité du parti au sein des militant-e-s présents. A la fin du meeting, la salle scandait les mots d´ordre que les français avaient lancé à la manifestation du 12.

A souligner le rôle des peuples originaires du pôle Nord, de l´Amérique latine et d’autres latitudes : ils ouvraient la manifestation du samedi avec leurs habits traditionnels, leurs fronts graves et résolus. Ils ont animé des forums souvent très politiques et suscité de nombreux débats grâce à leurs propositions concernant une société alternative au capitalisme, contre les mesures impérialistes dans leurs territoires, et en ce qui concerne les initiatives à prendre au cours du prochain Sommet Union européenne-Amérique latine en mai prochain à Madrid. Les organisations indigènes proposent particulièrement de se mobiliser pour empêcher les ravages des transnationales et des pays impérialistes au travers d’Accords d´association qu´ils veulent imposer à leurs peuples. Cette fois-ci encore, le NPA aura un vrai rôle à jouer à leurs côtés.

samedi 20 février 2010

Haïti : quelles perspectives après la catastrophe ?

Le 12 Janvier 2010 un séisme d’une rare violence a frappé notre pays avec des conséquences dramatiques sur les populations de plusieurs communes des Départements de l’Ouest, du Sud-est et sur l’ensemble du pays. Ce tremblement de terre d’une magnitude de 7.3 sur l’échelle de Richter et son cortège de pertes irréparables ont endeuillé notre pays tout en créant des douleurs insoutenables. Ce drame qui nous affecte aujourd’hui est sans aucun doute l’un des plus graves de toute notre histoire et cause un profond traumatisme qui marquera le 21ème siècle haïtien. Les bilans partiels communiqués jusqu’ici tentent passablement d’exprimer une réalité effroyable et indicible, c’est-à-dire l’horreur que nous avons vécu ensemble durant ces interminables 35 secondes. Plus de 150.000 morts, 500.000 blessés, plus d’un million de sans abris, des dizaines de milliers d’amputés, plus de 300.000 personnes réfugiées en province, plus de 3 millions de sinistrés dévastés qui, en une minute, ont vu se transformer à jamais leurs vies, leurs familles et leurs sociétés.


Nos organisations ont toutes été profondément bouleversées par cet événement. [...] Il est indispensable malgré la douleur que nous ressentons tous et toutes de réfléchir sur ce qui vient de se passer et de tirer de cette tragique expérience les leçons et les orientations qui nous permettront de poursuivre notre inlassable travail de construction d’un autre pays capable de vaincre le cycle de l’effondrement et la dépendance et de se placer à la hauteur des rêves d’émancipation universelle de ses fondateurs et de tout le peuple haïtien. L’ampleur du désastre est sans aucun doute liée à la nature de l’État dans notre pays, un héritage historique colonial et néocolonial et la mise en place des politiques néolibérales au cours des 3 dernières décennies. L’hypercentralisation autour de la « République de Port-au-Prince » décidée par l’occupation américaine de 1915 est certainement un des facteurs déterminants. En particulier, la complète libéralisation du marché de l’immobilier a ouvert un espace de spéculation débridé aux flibustiers de tout poil.

Nous sommes très émus par l’extraordinaire élan de solidarité manifesté par la population de la région métropolitaine qui pendant les 3 premiers jours suivant le sinistre ont su répondre par l’auto-organisation en construisant 450 camps de réfugiés qui ont contribué à sauver des milliers de personnes prisonnières des décombres et a rendu possible la survie de 1.5 millions de personnes grâce au partage communautaire de toutes les ressources disponibles (nourriture, eau, vêtements). Honneur et respect à la population de Port-au-Prince ! Ces mécanismes spontanés de solidarité doivent jouer un rôle essentiel dans le processus de reconstruction et de re-conceptualisation de l’espace national. [...] Nous, les responsables des organisations et plateformes suivantes, à la suite de plusieurs rencontres pour analyser la nouvelle situation et définir des stratégies communes adoptons un positionnement qui se fonde sur les éléments d’orientation suivants :

- Contribuer à préserver les principaux acquis des mouvements sociaux et populaires haïtiens menacés par la nouvelle situation
- Contribuer à répondre aux besoins urgents de la population en mettant en place des centres de services communautaires disposant de capacités adéquates pour répondre aux besoins suivants : alimentation, soins de santé primaire, assistance médicale et psychologique suite aux chocs subis lors du séisme
- Profiter des projecteurs de la grande presse braqués sur notre pays pour diffuser une image différente de celle projetée par les forces impérialistes
- Mettre en place de nouvelles façons de faire visant à dépasser l’atomisation et la dispersion qui constituent l’une des principales faiblesses de nos organisations.

Ce processus de rapprochement doit démarrer avec la structuration d’un espace commun devant accueillir provisoirement nos 6 équipes qui continueront à travailler de façon autonome tout en veillant à la mise en place de mécanismes permanents d’échanges et de travaux mutualisés. Nous veillerons à ce que puisse être imposée une démarche collective dans la recherche de réponses communes à nos problèmes et la construction d’alternative démocratique populaire réelle et viable.

En ce qui a trait à la situation d’urgence, nous sommes en train de mettre en place des centres de services de quartiers. [...]. L’aide d’urgence à laquelle nous participons se veut alternative et nous comptons développer un travail de plaidoyer afin de dénoncer les pratiques traditionnelles dans le champ des interventions humanitaires qui ne respectent pas la dignité des victimes et qui s’inscrivent dans le cadre d’un processus de renforcement de notre dépendance. Nous plaidons pour une aide humanitaire adaptée, respectueuse de notre culture et de notre environnement et qui ne détruit pas les constructions d’économie solidaire mises en place depuis plusieurs décennies par les organisations de base avec lesquelles nous travaillons.

Nous tenons pour finir à saluer encore une fois l’extraordinaire élan de générosité qui a animé l’opinion publique mondiale autour du drame que nous vivons. [...] L’aide humanitaire massive est aujourd’hui indispensable compte tenu de l’ampleur de la catastrophe, mais elle doit être structurante en s’articulant avec une vision différente du processus de reconstruction. Elle doit s’inscrire en rupture avec les paradigmes dominant les circuits traditionnels de l’aide internationale. Nous souhaiterions voir naître des brigades internationalistes de solidarité travaillant en compagnie de nos organisations à la lutte pour la réalisation d’une réforme agraire et d’une réforme foncière urbaine intégrée, à la lutte contre l’analphabétisme et pour la reforestation, à l’édification de nouveaux systèmes universels, décentralisés et modernes d’éducation et de santé publique.

Nous devons aussi proclamer notre colère et notre indignation face à l’instrumentalisation qui est faite de la crise haïtienne pour justifier une nouvelle invasion de 20.000 marines américains. Nous dénonçons ce qui risque de devenir une nouvelle occupation militaire, la troisième de notre histoire par des troupes étasuniennes. Elle entre clairement dans la stratégie de remilitarisation du bassin de la Caraïbe dans le cadre de la réponse de l’impérialisme américain à la révolte croissante des Peuples du continent face à la mondialisation néolibérale. Elle s’inscrit aussi dans une stratégie de guerre préventive face à un éventuel éclatement social venant d’un Peuple écrasé par la misère et se retrouvant dans une situation de désespoir.

Nous dénonçons le modèle appliqué par le Gouvernement américain et la réponse militaire face à une tragique crise humanitaire. La mainmise sur l’aéroport Toussaint Louverture et d’autres infrastructures stratégiques du pays a conduit à priver le Peuple haïtien d’une partie des contributions venant de la CARICOM, du Venezuela et de certains pays européens. Nous dénonçons la méthode adoptée et refusons que notre pays soit transformé en une nouvelle base militaire. Nous, dirigeants des organisations et plateformes initiatrices de cette démarche, nous vous écrivons aujourd’hui pour vous transmettre notre première analyse de la situation. Nous sommes convaincus, comme vous l’avez déjà manifesté, que vous continuerez accompagner notre travail et nos combats dans le cadre de la construction d’une alternative nationale, source de renaissance de notre pays éprouvé par une horrible catastrophe et se battant pour sortir du cycle de la dépendance.

Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) - www.papda.org

lundi 18 janvier 2010

Chili : Retour de bâton

Par Franck Gaudichaud

« Après 20 ans de gouvernement de la Concertation, cette nuit nous a offert la merveilleuse responsabilité de conduire les destinées de la patrie » : c’est ainsi que le multimillionnaire chilien Sebastian Piñera a savouré sa victoire aux élections présidentielles, dimanche soir, devant des milliers de sympathisants. Dans son premier discours, il a appelé à « l’Unité nationale » et réitéré ses thèmes de campagne favoris, aux accents populistes, dont la lutte contre « la délinquance et le narcotrafic », tout en se prétendant préoccupé « des plus faibles ». Il remporte le second tour avec 51,6 % des voix au nom de la « Coalition pour le changement » qui regroupe la droite libérale (Rénovation nationale) et les secteurs réactionnaires (Union démocratique indépendante), soutiens directs de la dictature militaire (1973-1989).

Face à lui, l'ancien président démocrate-chrétien Eduardo Frei obtient 48,4 % des votes. Il défendait les couleurs de la « Concertation pour la Démocratie », coalition centriste (sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens) à la tête du gouvernement depuis 1989. Cette alternance met donc fin à 4 mandats successifs d’une coalition social-libérale qui s’était largement adaptée au modèle néolibéral hérité de la dictature, tout comme à la Constitution autoritaire de 1980, amendée mais jamais remise en cause. Il s’agit d’un tournant politique où la Concertation est en crise et n’apparaît plus comme une option stable au service des classes dominantes. Cela s’est vu dés le premier tour, notamment avec les 20% en faveur de la candidature dissidente de Marco Enriquez Ominami, lui-même issu de la Concertation et qui mélangeait quelques mesures progressistes avec un programme économique libéral. Face à cet immense marketing politique, le Parti communiste chilien et ses alliés ont proposé la candidature de Jorge Arrate, ex-ministre de la Concertation et un programme appelant à des réformes sociales combiné une alliance « instrumentale », au niveau des élections législatives, avec la Concertation, afin de rompre leur « exclusion institutionnelle »1… Ainsi aucun porte voix des classes populaires indépendant n’était présent dans cette campagne : la gauche radicale, notamment le jeune Mouvement des peuples et des travailleurs (MPT), qui regroupe plusieurs petites organisations anticapitalistes, à fait campagne pour « annuler le vote », dénonçant cette absence d’alternative. Le retour de la droite chilienne est historique : le dernier président de droite élu est Allessandri en… 1958. Désormais, c’est un représentant direct de la bourgeoisie qui sera aux commandes : surnommé le « Berlusconi chilien », Piñera est un entrepreneur, qui s’est enrichi durant la dictature. Il contrôle une des principales chaînes de télévision du pays, la compagnie d’aviation Lan Chile et un important club de foot. Face à une droite « décomplexée » qui va accroître la marchandisation du Chili, la répression des mouvements sociaux et peser sur l’échiquier régional en s’alignant sur la Colombie et les Etats-Unis, le défi est bien la reconstruction d’une gauche anticapitaliste : « une alternative politique indépendante des intérêts des classes au pouvoir et de leur expression politique », comme se propose de le faire le MPT aux cotés du mouvement populaire.