jeudi 29 juillet 2010

Tremblement de terre politique et retour des Chicago boys au Chili

par Franck Gaudichaud

(Article aussi disponible en espagnol (Revista Viento Sur : http://www.vientosur.info/articulosabiertos/VS110_Chile_Gaudichaud.pdf)
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Une défaite qui vient de loin
Jeudi 11 mars, le milliardaire Sebastian Piñera a succédé officiellement à la présidente socialiste Michelle Bachelet. Elu chef de l'Etat, en janvier, le leader de Rénovation nationale (RN) conquiert la première magistrature au nom de la coalition « Alliance pour le Changement » (qui regroupe néolibéraux et ultraconservateurs). Ainsi que nous le rappelions au moment de l’élection, c’est un tournant historique et politique : le dernier président de droite élu était Jorge Alessandri, en… 1958. Se référant à la transition démocratique qui mit fin à la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1989), certains analystes n’hésitent pas à parler d’une « deuxième transition ». Après dix-sept ans d’un terrorisme d’Etat contre-révolutionnaire qui mit fin à l’expérience de l’Unité populaire de Salvador Allende, et à deux décennies d’une démocratie sous tutelle issue d’une « transition pactée », conduite par la Concertation des partis pour la démocratie — coalition entre le Parti socialiste (PS) et de le Parti démocrate chrétien (DC) —, le peuple chilien connaîtrait désormais les joies de l’alternance…[i]. Face au terne ex-président Eduardo Frei (DC), le médiatique Piñera -« Berlusconi chilien » avec bronzage permanent et dents éclatantes- a promis monts et merveilles à grands coups d’ingénierie marketing et télévisuelle : croissance soutenue de 6% destinée à faire oublier la crise capitaliste mondialisée, création d’un million d’emplois, combat de la pauvreté et surtout, accompagné d’un discours sécuritaire bien aiguisé, fin de la délinquance (du moins celles des classes populaires car les cols blancs ne seront sûrement pas inquiétés…).