lundi 29 juin 2009

Contre le coup d'état au Honduras !

Elu en 2006 pour un mandat de quatre ans non renouvelable, le président du Honduras Manuel Zelaya avait convoqué ce dimanche une consultation populaire pour ouvrir la voie à une révision de la Constitution en vue de briguer un deuxième mandat.

Cette initiative a reçu un solide appui des classes populaires pour qui les premières mesures sociales de son gouvernement sont une réalité et qui souhaite que se poursuive une politique de démocratisation et de lutte contre la pauvreté.

Cette consultation a été le prétexte à un coup d’Etat de l’oligarchie réactionnaire. Le Parlement et la Cour suprême, tenus par l’oligarchie s’opposent à ce référendum et l’armée s’est rangée à leurs côtés. Le président hondurien a été enlevé et conduit de force au Costa Rica dimanche par un commando militaire. Les medias sont entre les mains des putchistes dont la télé. Une chasse aux militants des organisations populaires a été lancée et le couvre feu a été décrété. Des diplomates vénézueliens, nicaraguayens et cubains ont été arrêtés et maltraités. Le Congrès s'apprête à élire un président par intérim, en toute illégalité alors que l'armée investit les rues.

Le NPA est solidaire du peuple hondurien qui spontanément et avec de nombreuses organisations populaires est en train de se mobiliser massivement dans les rues contre les putchistes et pour la démocratie.

Le NPA appelle l’ensemble des organisations ouvrières et démocratiques à dénoncer le coup d'Etat et à exiger le retour du président que les honduriens se sont démocratiquement choisi.

MANIF DEVANT L'AMBASSADE DU HONDURAS à PARIS
8 rue Crevaux (Métro Victor Hugo), près de l’avenue Foch
CE LUNDI 29 JUIN à 18H30

lundi 15 juin 2009

Manif solidarité indiens d'amazonie Péruvienne

Réseau de solidarité avec les indiens d'Amazonie péruvienne
appelle à un rassemblement
samedi 20/06 à 15h devant le parvis des Droits de l'Homme au Trocadéro.

Venez nombreux !!!

jeudi 11 juin 2009

Politique Etats-unienne en Amérique Latine : NOUVELLE CONFIGURATION

Par François Sabado

Les Etats-Unis adoptent une nouvelle approche en Amérique latine pour mieux maintenir leur domination.

Cet article est paru dans Tout est à nous! N°5 (journal du NPA).

Pour la presse mondiale, le sommet des Amériques marque « l’émergence de la doctrine Obama ». Incontestablement, il y a un changement par rapport à la « méthode Bush ». Obama propose une « nouvelle ère » de relations avec l’Amérique latine. Il reconnaît que la politique menée par les Etats-Unis à l’égard de Cuba, « n’avait pas marché ». Au-delà des mots, il y a, en effet, une nouvelle politique de l’impérialisme nord-américain en Amérique latine. D’abord, la puissance nord-américaine a intégré les nouveaux rapports de forces à l’échelle internationale et l’affaiblissement de sa position dans le monde. Ensuite, dans la conjoncture actuelle, les relations avec l’Amérique latine ne constituent pas une priorité. Ils se concentrent sur l’Irak, l’Afghanistan et, au-delà, les relations avec la Chine. Enfin, il y a les nouveaux rapports de forces dans le continent latino américain lui-même : l’émergence du Brésil comme nouvelle puissance mondiale et la pression continue des mouvements sociaux.

Cette nouvelle configuration conduit à une nouvelle approche. Loin de construire des partenariats « d’égal à égal », il s’agit de mettre en œuvre de nouvelles formes de dépendances à la puissance nord-américaine.

La pression militaire et politique est toujours là, avec le « plan Colombie » et les opérations de la droite en Bolivie et au Venezuela, qui n’a pas abandonné une stratégie de confrontation avec Evo Morales et Chavez. La levée de l’embargo contre Cuba n’est pas pour demain. C’est ce qui a conduit les présidents de l’Alba (Venezuela, Bolivie, Dominique, Honduras et Nicaragua) et de l’Equateur à refuser de signer la déclaration finale du sommet.

Obama et son administration ont décidé de reprendre l’initiative sur le plan de la domination économique par la multiplication des traités économiques bilatéraux, d’exercer une nouvelle pression pour le contrôle des ressource naturelles, en particulier le pétrole, d’instaurer de nouveaux rapports politiques pour marquer des points dans la concurrence avec les capitalistes européens. Pour réaliser ces objectifs, la coopération avec le Brésil est décisive. De même, l’objectif d’Obama, en levant toutes les restrictions sur les voyages et, surtout, en permettant les transferts d’argent des cubano-américains vers leurs familles, tout en maintenant l’embargo, est d’augmenter la pression économique sur l’île. Aussi, pour contrer cette pression, la levée de l’embargo contre Cuba et la défense de Cuba contre l’impérialisme US reste une des exigences de toutes les forces progressistes.

La nouvelle politique d’Obama reste subordonnée aux intérêts de l’impérialisme US d’imposer de nouvelles formes de dépendances économiques. Les faits effaceront rapidement les effets d’annonce, d’autant que l’Amérique du Sud est aussi confrontée à la crise et que les politiques des classes dominantes ne sont pas prêtes à résoudre les problèmes vitaux de millions de latino-américains. ■

Réponse NPA au questionnaire de France Amérique Latine pour les européennes



mercredi 10 juin 2009

Un an après sa nationalisation, la nouvelle SIDOR explore les chemins de la participation

Photo_086

En mai 2008, après 15 mois de lutte, Hugo Chavez annonce la nationalisation de SIDOR, principale aciérie du pays, appartenant au groupe argentin Techint. Un an après, retour sur les changements et les attentes des travailleurs.

15h. William Farias, électricien de maintenance, pointe pour prendre son tour à SIDOR, entreprise qui applique les 3 huit. Casque sur la tête, masque anti-poussière, lunettes, casque anti-bruit, chaussures de sécurité, autant de protections qui semblent pourtant bien dérisoires au regard de la dureté du travail au sein de cette immense

usine qui s'étend sur plus de 900 hectares et qui produit 4 millions de tonnes d'acier par an. «Après 20 ans ici, je ne m'y suis toujours pas habitué», confie-t-il. José Eduardo Pinto, 52 ans, 25 d'ancienneté confirme «j'arrive toujours au travail avec la peur au ventre».


Puerto Ordaz, où est située l'entreprise, est une ville où la température dépasse quotidiennement les 30 degrés. A SIDOR, le thermomètre flirte plus généralement avec les 40. A cela viennent s'ajouter le fracas assourdissant des machines et la poussière de métal en suspension qui s'infiltre dans tous les pores de la peau et scie les chairs à chaque mouvement. Armés de protections supplémentaires, certains ouvriers travaillent face aux fours où le métal en fusion atteint les 1500 degrés. Andrés, aujourd'hui technicien, en garde encore les séquelles sur ses mains brûlées par l'explosion d'un four, à l'époque où il était opérateur.

De profonds changements

Pourtant, malgré la pénibilité du travail quotidien, ils sont nombreux à exprimer leur fierté d'appartenir à cette usine, sentiment d'autant plus grand aujourd'hui que l'entreprise a été renationalisée. Une nationalisation qu'ils ont arraché il y a un an de haute lutte. Ce retour dans le giron de l'Etat leur a apporté un certain nombre de bénéfices immédiats. «Les bénéfices des travailleurs se sont améliorés de 200%. Avant nous étions marginalisés, humiliés, sacrifiés par une multinationale qui nous volait notre vie, qui nous volait tout», commente José Eduardo.


En effet, l'ancienne direction était uniquement préoccupée par les questions de production et de productivité, au détriment des hommes et des machines. Aujourd'hui tous soulignent le changemen

t profond d'ambiance qui ouvre une large place au dialogue et qui permet de prévenir les problèmes techniques ou les conflits humains avant qu'il n'éclatent. Sirio Velasquez, chef de bureau aux Ressources Humaines, précise d'ailleurs qu'à l'époque, vu les conditions de travail, «il y avait une grande rotation des effectifs. Actuellement il existe une volonté d'adapter les postes à l'âge, l'expérience et les capacités de chaque travailleur». De fait, de nombreuses d'entreprises privées ont décidé de ne plus travailler avec SIDOR après la nationalisation. «Les entreprises sous-traitantes sont passées de 630 à environ 300. Beaucoup ne voulaient pas travailler avec l'Etat, d'autres n'ont pas voulu s'adapter au nouveau cahier des charges».

Mais les conditions de travail n'ont pas été les seules à évoluer. Les salaires ont eux aussi connu un changement significatif. Sirio indique qu'un ouvrier non qualifié débutant touchait sous Techint 800 bolivars (l'équivalent de 270 euros), soit le salaire minimum. Aujourd'hui, ce même ouvrier gagne 2600 bolivars (soit 870 euros). Et un ouvrier d'exhiber fièrement sa fiche de paie qui affiche, après vingt ans d'ancienneté, un salaire de 5800 bolivars (1900 euros). La nationalisation obtenue prend d'un coup un aspect plus concret.


Les sous-traitants ont pu eux aussi vérifier les avantages de la nationalisation. Être travailleur titulaire ne relève pas que du symbolique, de nombreuses disparités existaient par rapport à leurs collègues, même si elles disparaissent progressivement. Il y a bien sûr la question des salaires mais d'autres discriminations existaient so

us la gestion privée. Les sous-traitants n'avaient par exemple pas accès aux réfectoires, les obligeant à manger à l'extérieur ou dans les ateliers sans aucune norme d'hygiène. Il leur était également interdit d'utiliser les bus menant les travailleurs à l'usine, située pourtant à plusieurs kilomètres de la ville. Autant d'éléments qui montrent l'importance d'être titulaire chez SIDOR.

D'autres types d'attente se font jour

Ainsi, 1300 sous-traitants sont passés en CDI, portant le nombre de «sidoristes» à 6200, ceci en application d'une clause de la convention collective négociée entre 2006 et 2008 par le syndicat et Techint, établissant les conditions de titularisation des personnels.


Toutefois, il existe des laissés pour compte de ce processus d'intégration. Giovanni Ford, technicien sous-traitant travaillant à SIDOR depuis 1996, fait partie de ceux-là. Pour lui, «aucune étude sérieuse n'a été menée pour savoir qui devait être intégré. L'établissement des listes s'est fait de manière aléatoire et la convention collective a été mal appliquée». De fait, les choix d'intégration de la nouvelle direction de SIDOR révèlent un certain nombre d'incohérences, puisque des sous-traitants se sont vu refuser la titularisation malgré une ancienneté bien supérieure à d'autres.

Au-delà de ce problème, c'est bien le fait que la nouvelle direction, comme l'ancienne, prenne des décisions de manière unilatérale, qui est montré du doigt. César Olarte, contremaître, comprend bien que c

ette année écoulée était avant tout une année de transition, mais il entend bien que la nouvelle direction laisse de l'espace aux ouvriers dans le contrôle de l'usine.

Contrôle ouvrier, le mot est lâché. Beaucoup d'entre eux en parlent sans en avoir toujours une définition bien précise. Tous sont toutefois d'accord pour dire qu'après la nationalisation, il est importan

t que les travailleurs prennent le contrôle de l'usine, de leur usine. Pour William, les premières tables rondes qui ont eu lieu entre d'un côté les travailleurs de SIDOR et de l'autre, Maria Cristina Iglesias, ministre du Travail, et Jorge Giordani, ministre de la Planific

ation, sont essentielles. Elles marquent l'importance de l'écoute du gouvernement. «Elles doivent permettre de réfléchir à une production de l'acier non pas à l'échelle de la seule SIDOR mais bien à l'échelle de la région de Guayana (sud-est du pays). La production devrait ainsi passer de 4 à 15 millions de tonnes par an, en concertation avec les ouvriers qui décident combien et comment produire», indique William.

César note que les ouvriers ne doivent pas simplement appliquer un plan de production qui serait décidé par la direction ou l'Etat, mais participer à l'élaboration même de ce plan. «Même le budget doit faire l'objet d'un vote en assemblée ouvrière» argue-t-il, avant de préciser : «Quelles machines doit-on acheter ? Quelles doit-on réparer ? Pourquoi ?... Tous les budgets, tous les comptes doivent être transparents pour permettre à chacun de participer à la conduite de son usine». C'est aussi ce qui vient en premier à la bouche de José Eduardo quand il parle de contrôle ouvrier. Il veut «savoir combien est dépensé, combien est investi, de combien sont les bénéfices». Et à ceux qui pensent que les ouvriers ne sont pas prêts à assumer le contrôle de leur usine, il se plaît à rappeler qu'il y a un peu plus d'un an, ce sont les mêmes qui ne croyaient pas possible une nouvelle nationalisation de SIDOR.

De ce point de vue là, on ne peut que concéder que les derniers évènements semblent lui donner entièrement raison. En effet, le 21 mai dernier, Hugo Chavez lors d'une rencontre avec les travailleurs de Guayana, annonce de nouvelles nationalisations avant d'évoquer la question du contrôle ouvrier.


Tirer les leçons de SIDOR pour les nationalisations futures


Concrètement, lors de cet atelier Hugo Chavez mentionne la possibilité pour les ouvriers d'élire leur propre direction, en concertation avec lui. «Je suis d'accord pour qu'on commence à élaborer une loi afin de réguler cela. Je suis prêts à ce que, ensemble, avec votre participation et celle du Président de la République, nous choisissions le gérant de l'entreprise», annonce-t-il alors aux travailleurs en précisant qu'il s'agit maintenant de «dessiner de nouveaux modèles afin de commencer la transition».

Mais un autre pas important est également franchi ce jour-là: la nationalisation des quatre entreprises du secteur briquetier (produisant des briquettes de minerai de fer ), ainsi que de deux autres usines complémentaires.

Parmi les quatre briqueteries figure l'entreprise Materiales Siderúrgicos (Matesi), que Techint avait acheté pour 120 millions de dollars en 2004 dans le but de contribuer, à long terme, à augmenter la production de SIDOR. Au moment de la nationalisation de cette dernière, les travailleurs de Matesi discutaient eux-aussi une convention collective. A peine trois mois après l'approbation de cette convention, l'entreprise privée décida de casser son engagement et de réduire le salaire des travailleurs de 45%, argumentant l'imminence de la crise mondiale.


«Cette attaque de l'entreprise sur les salaires agît comme un détonateur et mit en évidence le degré d'exploitation exercé par la multinationale. Cela nous a également renforcé dans notre travail politico-stratégique», commente Daniel Rodríguez, secrétaire général du syndicat de Matesi et membre du collectif Marea Socialista. Pour lui, l'exemple de SIDOR est essentiel dans la lutte engagée par les entreprises voisines. Et le contrôle ouvrier s'impose comme une nécessité dans quelque processus de nationalisation.


Aussi, quand le président Chavez parle d'un choix de direct

ion partagé avec les ouvriers, Daniel acquiesce. Toutefois il précise «qu'avant de chercher à l'extérieur de l'entreprise des personnes sans doute compétentes mais ne connaissant pas les problématiques de l'usine, il peut être judicieux de voir les talents qui pourraient émerger en interne». Les travailleurs, sont de ce point de vue là, sans doute les mieux placés pour les connaître.

La nationalisation de SIDOR a également joué un rôle important dans la motivation des travailleurs des briqueteries pour mener leur combat. «SIDOR est pour nous une expérience à prendre en compte. Et même à un an de la nationalisation, je pense que les plus gros problèmes n'ont pas encore émergé ! C'est loin d'être facile parce qu'il s'agit de changer une structure capitaliste et d'aller vers un système socialiste», ajoute-t-il.

Daniel, William et leurs camarades ont des fois bien du mal à voir ce que pourrait être un système socialiste. Ils sont pourtant sûrs d'une chose, avec la nationalisation de SIDOR, la situation semble maintenant offrir d'autres perspectives, et pour une fois, ils font partie des acteurs principaux.


De Caracas,
Fernando Esteban et Sébastien Brulez
Prochain Numéro de Tout est à nous !


SIDOR en quelques dates...


1953: Le gouvernement vénézuélien, alors sous la dictature de Marco Pérez Jiménez, prend la décision de construire une usine sidérurgique dans l'état de Bolivar (sud-est du pays). Est alors créé le Bureau des Études Spéciales de la Présidence de la République, a qui est confié notamment le projet sidérurgique.

1964: Création de l'entreprise publique CVG Sidérurgie de l'Orénoque C.A. (SIDOR) qui prend en charge la direction de l'usine existante.

1997 : Privatisation de SIDOR par le président Rafael Caldera et son ministre de la Planification Teodoro Petkoff. L'usine est vendue au groupe argentin Techint. Le nombre de travailleurs en CDI passe en quelques temps de 15 000 à 5 000.

9 avril 2008 : Hugo Chavez annonce la nationalisation de SIDOR. La décision est prise parce que le groupe Techint refusait d’améliorer les conditions de travail des salariés lors de la négociation d'un nouveau contrat collectif. Les travailleurs luttaient depuis plus d’un an en demandant l’amélioration de leurs salaires, de leur niveau de retraites, ainsi que l’intégration des 9 000 salariés sous-traitants.

12 juillet 2008 : Le gouvernement vénézuélien prend le contrôle complet de la Sidérurgie de l’Orénoque (SIDOR), qui à partir de ce jour s’appellera «Sidérurgie de l’Orénoque Alfredo Maneiro», en l’honneur du dirigeant politique communiste et rebelle vénézuélien mort en 1982.

2 mai 2009: Le Venezuela rachète officiellement SIDOR pour 1,97 milliard de dollars.

21 mai 2009: Lors d'une rencontre avec les travailleurs des entreprises de base, le président Chavez annonce la nationalisation des 4 usines du secteur briquetier (produisant des briquettes de minerai de fer et des plaques de fer). De cette façon, le cycle de production de l'acier passe entièrement sous contrôle de l'Etat, depuis les mines de fer jusqu'à la sidérurgie.